Quand revient le temps du confinement, Frédéric Potier sélectionne pour vous les essais à lire. Pour réfléchir et aussi sourire.
Ernestiens, Ernestiennes,
A l’heure où un maudit virus nous oblige à un reconfinement automnal, il m’a semblé important de soutenir le moral de tous nos lecteurs en proposant quelques ouvrages dignes d’intérêt et sources d’exercices intellectuels.
1) Inconfinables ?
C’est cette question qui fait office de titre au petit essai de Julien Damon, professeur associé à Sciences Po Paris, publié par les éditions de l’Aube avec le soutien des camarades de la Fondation Jean Jaurès. On a un peu honte de le rappeler ici mais la situation des personnes sans-abri confrontées au coronavirus est un peu trop passée inaperçue. Les questions de santé publique, d’éthique et de libertés publiques posées par ce sujet s’avèrent pourtant nombreuses. Comment rester chez soi quand on est précisément sans domicile ? Comment se laver les mains et respecter les gestes barrières quand la rue est votre domicile ? Une réflexion passionnante sur l’évolution d’une politique publique passée de l’enfermement au confinement ponctuel.
2) Entendez-vous dans nos campagnes ?
J’avais réservé à un retour Limoges-Paris en Intercités passant Issoudun, Argenton, Chatelleraut, et Vierzon la lecture du livre de Salomé Berlioux « Nos campagnes suspendues » publié par les éditions de l’Observatoire. Doté d’une très belle préface de Nicolas Mathieu (prix Goncourt 2018 pour « Leurs enfants après eux »), l’ouvrage de Salomé Berlioux revient sur la façon dont la « France périphérique » a vécu la période du confinement. Loin des clichés sur le pseudo privilège de vivre dans une maison en campagne, Salomé fait entendre les galères et les inquiétudes de Français qu’on ne voit que trop rarement dans les médias et les débats politiques. Si le bonheur est dans le pré en ces temps de pandémie, il est surtout dans les maisons de campagne et les gîtes AirBnB, pas forcément dans les champs de l’Aisne, les petits commerces de Moulins ou les élevages des Vosges ! Par cet ouvrage, notre amie Salomé entend ainsi prolonger l’action de l’association qu’elle dirige (Chemins d’avenir) qui lutte contre l’autocensure des jeunes issus des zones rurales et des petites villes. Noble et grande ambition à soutenir !
3) Germinal is back !
Non Émile Zola n’a pas été ressuscité et Renaud ne fait pas son grand retour au cinéma.
En revanche, excellente nouvelle, j’ai le plaisir de vous annoncer la naissance d’une nouvelle revue intitulée « Germinal » qui vise à défendre les idées de la gauche républicaine, socialiste et écologique. Oui, tout ça à la fois.
Le premier opus traite du retour des Nations et parmi les plumes figurent des intellectuels aussi respectés et sympathiques que Dominique Schnapper, Michel Aglietta ou l’indispensable David Djaiz (nous vous avions parlé de son livre Slow Democratie, ici). Comme quoi la mort de la revue Le Débat ne signifie pas la fin du débat tout court.
4) La Comédie Française… dans votre salon.
Petite excursion dans la Bande dessinée pour signaler l’excellente BD de Mathieu Sapin (le fils de Michel…) qui avait déjà croqué avec talent Gerard Depardieu, mais aussi les années Hollande et les débuts du quinquennat d’Emmanuel Macron. Comparant l’exercice de l’État sous la Ve République à l’âge d’or de la Monarchie absolue sous Louis XIV, Mathieu Sapin nous invite à un voyage drôle et subtil dans l’antichambre du pouvoir avec en toile de fond la figure de Racine. Je recommande tout particulièrement les planches relatant le voyage du Président de la République sur les îles glorieuses, îlots inhabités dans le canal du Mozambique gérés par le préfet des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises)…
