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A la recherche du sommeil perdu

Damir Spanic 14OzPVGzScg Unsplash

Vous dormez mal ? Vous êtes fatigués ? Frédéric Potier a le remède qu’il vous faut. Rejoignez-le dans son nouveau combat pour le sommeil. Il a des trucs et astuces pour vous. Glanés, notamment, dans l’essai stimulant de Nicolas Goarant.

Chers Ernestiens, chères Ernestiennes

Je ne sais pas vous, mais moi ça fait bien longtemps que je n’ai pas dormi… je ne vous parle pas d’une petite sieste dominicale ni d’un lendemain de cuite, non je vous parle d’un vrai sommeil, profond et réparateur, ce qu’on nomme le sommeil du juste… Certes les insomnies et les nuits hachées offrent l’avantage d’une lecture nocturne des chroniques déglinguées de Jérémie Peltier ou les œuvres complètes de Pierre Mendès France, mais reconnaissons que tout cela n’est pas très bon pour la santé sur le long terme. J’envisageais bien, un temps, de me mettre au Yoga mais Emmanuel Carrère m’en a définitivement dissuadé…

3872 Goarant Le Sommeil MalmenéJe me suis donc plongé avec un intérêt tout particulier sur le petit essai de Nicolas Goarant « Le sommeil malmené » publié par les éditions de l’Aube (dont le nom semblait pourtant incompatible avec un tel titre). L’ambition de l’auteur est forte : en 70 pages, apporter la démonstration que, « sous l’apparence d’un phénomène vital borné par notre seule intimité, notre repos est en réalité une matière percutée par les intérêts de l’économie et les innovations de la technologie, les bouleversements du monde du travail et les représentations du corps social. Que, en d’autres termes, le sommeil est le produit d’une époque. ».

La lecture est fort instructive, j’apprends ainsi que l’être humain dort en moyenne 7 heures par jour, ce qui nous rapproche du phoque, mais nous place loin derrière la girafe (2 heures) et l’éléphant (3 heures). Victime de notre société post-industrielle, le sommeil est confronté à double problème quantitatif (sa durée se réduit inexorablement) et qualitatif (il est perturbé). La faute aux « 7B » identifiés par l’auteur : bruit de la ville, bleue comme la couleur de nos écrans, boulot (pour ceux qui en ont), blanche (la couleur des nuits des hyperactifs ou des accrocs à Netflix), Benzodiazépine (molécule des somnifères consommés à l’excès), brouillard (on connaît mal le sommeil) et banquise (l’augmentation de la température faisant fondre la qualité de notre repos). Ces fléaux attaquant notre sommeil peuvent aboutir à des tragédies allant des accidents de la route à la catastrophe nucléaire en passant par les accidents cardiovasculaires.

Camarades, l’heure est donc grave : nous sommes passés en 30 ans d’une durée moyenne de sommeil 8h05 à 6h42… comment s’étonner de l’irritabilité des Français après cela. Il faut faire quelque chose. La solution est pourtant simple, aux oreillers citoyens ! Réveillez-vous les amis ! … euh, non, endormons-nous ! Défendons notre sommeil avant d’aller nous coucher ! C’est toute une politique publique que Nicolas Goarant nous appelle à inventer.

Devenons des activistes du sommeil

J’adhère ainsi totalement à l’idée de l’auteur de devenir un « sleep activist » ou de créer une « sleep Pride » (attention à l’orthographe et à la prononciation orale qui pourrait générer des malentendus). J’irai même encore plus loin, créons une délégation interministérielle au sommeil ou même un haut-commissaire ! Il y eu bien dans notre vie politique des ministres chargés des loisirs et des adjoints au maire du temps libre…
Quant à la création d’un groupe d’étude parlementaire sur le sommeil, un esprit moqueur me souffle qu’il existerait peut-être déjà au Sénat de manière non-officielle mais bien réelle dans l’hémicycle… je m’empresse de dénoncer cette saillie antiparlementariste  ! Contester l’activité de la chambre haute du Parlement quand on veut défendre le sommeil, c’est tout simplement inadmissible. Sur un plan plus personnel, je découvre dans cet ouvrage que le sport et le sexe sont les meilleurs alliés du sommeil. Vous savez ce qu’il vous reste à faire si vous courez déjà…

Alors que j’achève cette chronique dans le TGV qui me ramène de Bordeaux (où la nuit fut courte, car les nuits bordelaises sont toujours courtes), j’observe avec jalousie mes voisins écrasés de sommeil malgré leurs masques chirurgicaux. Le sommeil retrouvé ? C’est pas encore gagné. Mais grâce à ce petit ouvrage savant écrit avec beaucoup de style et d’humour, sur lequel lecteur ne s’endormira pas, j’ai retrouvé une nouvelle vigueur militante : le sommeil est un combat.

Bonnes nuits à tous chers lecteurs.

Nicolas Goarant, “Le sommeil malmené”, éditions de l’Aube, 14 euros.

Tous les essais transformés de Frédéric Potier sont là.

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