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Invincible automne

Jeremy Thomas O6N9RV2rzX8 Unsplash

Demain matin une nouvelle saison débutera. Saison de transition entre les deux extrémités de nos quatre saisons. Saison ô combien poétique. Parfois mélancolique. Évidemment, on pourrait penser que l’automne – si bien racontée par les auteurs et les poètes – est une saison de finitude.

Elle vient clore la session printemps-été pour nous préparer à l’hiver. Les feuilles se fanent, se colorent, pour finalement tomber. Souvent, l’automne est mélancolique. Voire même nostalgique. On regrette ceci, cela, ce que l’on a finalement pas bien fait cet été… Winter is coming dit même le slogan d’une série télé célèbre. “À la faveur de l’automne revient cette douce mélancolie”, chante aussi Tété.

Douce mélancolie. Voilà une définition intéressante. Et si au lieu de regarder cette préparation à l’hiver comme une forme de défaite nous la regardions comme une victoire ? Au fond, alors que l’automne arrive, symboliquement, comme les feuilles qui tombent, nous faisons une forme de bilan.

“Chaque instant de ma vie se détache de moi comme une feuille morte”, écrivait Jean-Paul Sartre dans ces “Carnets de la drôle de guerre”. Et si au contraire, ces feuilles mortes de vie ne se détachaient jamais et qu’il fallait, justement, en faire une partie de notre miel de vie ?

Comme chaque année, nous avons “humains, trop humains” aurait écrit Nietzsche, tenté, essayé, crayonné, échoué, réussi. Comme chaque année, alors que l’été se termine, la tentation est grande de se dire que l’on aurait pu mieux faire, que l’on a toujours pas réalisé ceci ou cela. Comme chaque année, peut-être serons-nous, une fois encore assez peu satisfaits. Ce sont souvent ces sentiments qui accompagnent l’entrée dans l’automne.

Cette année,  Ernestiens et Ernestiennes, ils seront différents. Changeons ensemble notre regard. A la “fadeur” bleue et ensoleillée de l’été vont succéder les couleurs chamarrées de l’automne. Les jaunes, les marrons, les verts, les kakis. Toutes ces teintes si particulières de l’automne vont venir nous caresser l’œil ( œil dont Jérémie Peltier nous parle si bien ce mois-ci voir ci-dessous). Et en regardant ces couleurs nous caresser l’iris, on pourrait aussi se projeter. Ces couleurs complexes, particulières et si jolies ne sont-elles pas finalement le reflet de nos vies ? Et si nos vies que nous aimons et que nous habitons n’étaient pas justement de la trempe de l’automne. Elles sont remplies de couleurs variées, contradictoires, mais de couleurs vivantes, non figées, en mouvement.

Peut-être même que nous pourrions nous dire que, finalement, l’automne est la saison de la sagesse. Cette saison où en regardant le marron des arbres, mais aussi de nos vies, nous apprenons à l’accepter, à vivre avec et à faire de nos failles, de nos béances, de nos peurs, des forces de rebond. Cette saison, où finalement, on revivifie l’idée existentialiste selon laquelle seuls nos actes comptent et que ce n’est qu’à la fin d’une existence que l’on peut en tirer le bilan. Évidemment, cela semble plus facile à dire qu’à faire. Peut-être. Peut-être pas. Il suffit de changer le regard.

“La vie d’un homme est d’abord esquissée à main levée, l’artiste comble les vides, précise un trait, creuse un espace plat en ajoutant de l’ombre ou de la couleur, il donne naissance à une forme avec un peu d’âme, le dessin est alors achevé, il ne sortira plus de cette grande feuille, il faudra le ranger pour en faire un autre”.
Ce sont des mots lus, au hasard de la vie dans un très beau livre dont nous vous reparlerons, alors que l’idée de cet éditorial germait. Et l’envie, avec vous, de souhaiter que l’esquisse de nos vies voit ses vides être comblés par des artistes. Nous sommes ces artistes. Ajoutons-y les couleurs. Celles vivantes de l’automne qui montrent à quel point nous sommes bigarrés. Faits de différents sangs, de différentes expériences. Faits de nos échecs, de nos ratés, et de nos petits succès. Que cela ne sert à rien de s’y soustraire, nous sommes des additions de tout cela, écrivait un auteur célèbre aux mille visages.
Peut-être qu’en devenant ces artistes de nos vies, nous parviendrons à créer en nous un invincible automne qui nous permettra “d’atteindre en boitant ce que nous ne parvenons pas à atteindre en marchant”. Ainsi, nous serons alors entrés dans l’automne, tranquillement, et avec le sourire.

Bon dimanche,

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