Pimentons un peu notre été avec les trois livres sensuels et chauds à lire, sélectionnés et racontés pour vous, et seulement pour vous par Virginie Bégaudeau ! Caliente ! Une bien belle fournée de chaleur estivale !
Le sexe en contrebande – Roseline Parny- Sabine Fournier
En choisissant la version superbement illustrée par Sabine Fournier du roman « Le sexe en contrebande », j’ai choisi l’extase sensationnel. Les mots et le dessin s’entremêlent aussi follement que les corps débauchés d’amant insatiables. J’avais été conquise par le roman original, et l’idée de m’y remettre quelques années plus tard, m’a excitée. Littéralement.
L’histoire de Valérie, journaliste, et de sa sœur, Karen, bibliothécaire, reste un souvenir érotique pur. Deux personnalités complètes, l’une ouverte et enchaînant les liaisons comme des rendez-vous mondains, la seconde, effacée et terrorisée par le plaisir charnel. Je n’ai jamais imaginé que les personnages étaient clichés, au contraire. L’écriture puissante de Roseline Parny a déclenché une multitude de sensations, du frisson à l’orgasme, clairement et des envies masturbatoires mal refrénées. C’est d’ailleurs Karen qui est l’experte en plaisir solitaire. Mais ce n’est pas le tout du roman. La suite est le journal intime de leur grand-mère Lucille, retrouvée par les jeunes femmes qui découvrent la scandaleuse créature qu’elle a été dans les années 50.
Une sexualité puissante et sans bornes
J’ai basculé dans un texte historique, authentique. Aussi pornographique que sensible. Du triolisme, du lesbianisme, je me suis vue dans chaque scène. J’ai été emportée par une vague de fantasme, d’émotions, sans doute. Initiée aux pratiques SM, attachée, fouettée, léchée, même, soumise puis dominatrice, j’ai tout vécu avec elle.
Des histoires de femmes qui résonnent et qui font écho à nos pensées les plus noires, nos désirs les plus vicieux et nos tabous. Il y a un éveil à la sexualité et l’homosexualité à travers les épreuves et les découvertes intimes. J’adore l’idée que rien n’est figé, que nos goûts évoluent, nos inhibitions aussi, et qu’il reste toujours beaucoup à vivre.
Clairement, ce n’est pas un livre à la portée de tous les amateurs du genre, mais il a cette particularité de sortir des sentiers érotiques, il a une voix et une réelle emprise sur son lecteur. J’en suis la preuve.
Extases- Jean-Louis Tripp
Quand je pense à la série « Extases », j’ai l’intégralité de l’œuvre en mémoire. Du moins, mes sens s’en souviennent. Le merveilleux roman graphique de Jean-Louis Tripp est un coup de cœur absolu. Entre autobiographie, mémoires personnelles et fantasmes inassouvis, l’auteur m’a parlé d’amour et de sexe, sans détour et avec une élégance folle.
J’ai été captée par l’intimité de l’œuvre, l’impression de m’immiscer dans des lits qui ne sont pas les miens, voyeuses d’ébats qui ne me concernaient pas vraiment. Et pourtant, je les ai savourés. Les sensations étaient là, je les touchais du bout du doigt tandis que l’on me touchait autrement. La force de l’imaginaire chez Tripp, nous prend au corps. Je ne suis pas confronté à l’indécision ou à la pudeur. J’explore toutes les facettes de l’érotisme. Du cul. Beaucoup. Mais une extase profonde qui ne s’atténue pas.
Coup de cœur absolu – Je suis en feu
Je suis secouée par la frénésie masturbatoire, émerveillée par l’honnêteté de l’artiste. J’ai été surprise des péripéties, réelles à n’en pas douter, et de l’évolution sexuelle de cet homme que rien ne prédisposait, sinon son appétit, à vivre dans l’extase. J’entrevois l’adolescent timide en pleine découverte de son anatomie, je joue avec l’adulte plus averti avant d’escorter l’homme mûr dans ses orgies amicales. Le talent de Tripp est tout aussi jouissif.
Le graphisme peut dérouter, l’austérité du noir et blanc peut nous mettre à distance, pourtant, c’est tout l’inverse. Le coup de crayon est maîtrisé, la technique sublime. Il y a cette pudeur qui équilibre les dessins crus et les textes licencieux. Entre initiation et affirmation, je suis touchée. Excitée et prête à retrousser mes manches, ou ma jupe.
J’ai mis de côté les préjugés du texte et laisse le plaisir aux lecteurs de jouir. Seul. Accompagné. L’intensité est forte. J’ai le rouge aux joues, le ventre en feu, et le reste aussi…
Ferocius – Viviana
Avec Viviana, l’auteur chilien Ferocius redonne vie à une héroïne inoubliable des années 90. Je n’ai pas eu le temps de boucler mes valises que j’étais déjà emportée dans ce voyage initiatique d’un érotisme pur. Intense. Le personnage est relativement commun, ses traits exacerbés pour la bande-dessinée. Jeune, brune et pulpeuse, Viviana, mène une vie de misère dans les bidonvilles de Santiago.
Une enfance mouvementée, entre alcool et violence, Viviana n’a aucun avenir si ce n’est la prostitution. Avant d’accompagner ma nouvelle héroïne, de la découvrir surtout, je me suis attachée à l’idée du sexe dans cette société pleine d’injonctions machistes. Au début de l’épopée, Viviana n’a pas goûté aux plaisirs de la chair, mais son corps est le fantasme de ses voisins, de ses inconnus qui n’attendent qu’une occasion.
Retrouver l’éveil à la luxure
C’est lors d’une nuit dans le lit de Miguel, son petit ami, que Viviana devient femme, qu’elle s’adonne à la jouissance et m’invite à la rejoindre. Ferocius a su guider sa plume, intime, sur un papier qui déborde de luxure et envelopper Viviana, non d’amour, mais d’extase.
Les thématiques se regroupent à mesure que j’avance et celle de l’éveil à luxure, reste ma préférée. Je m’y retrouve comme à l’aube de mes vingt ans, le soleil et le vent chaud de Santiago sur ma peau. Je suis neuve et mûre à la fois, j’ai envie d’aimer comme Viviana, j’ai envie de partager le sexe à ses côtés. Je ne veux pas en perdre une miette et chaque minute de cette soirée de feu est un frisson
J’ai adoré me plonger le temps d’une lecture dans les draps salis de la misère, me sentir vivante sous les mains d’un amant parfait. L’Amérique du Sud est propice à tous les excès, à toutes turpitudes. Je suis grisée d’être près de Viviana, de lui soustraire peut-être un gémissement, et elle, de me donner un orgasme.
Le graphisme de Ferocius est audacieux, ce qui en fait un ouvrage splendide.