Voilà un roman inattendu. De ceux dans lesquels on entre un peu à reculons avec cette impression que l’on connaît ce genre d’histoire et qu’il ne pourra rien en sortir de neuf. Et pourtant, on se lance. Et on est happé. A la fois par l’intrigue et par le style de l’auteur. “Des poignards dans les sourires” de Cécile Cabanac paru chez Fleuve noir est de cette trempe de livres. Le pitch est assez simple. C’est l’histoire d’un homme qui disparaît et son épouse ne s’en émeut pas vraiment. Voire même, elle a un regain de forme. Les deux policiers qui sont chargés d’enquêter sur l’homicide sont très étonnés quand ils découvrent un a un les membres de cette famille Renon, complètement désunie. Dans cette famille, le mari a disparu, mais les cadavres sont dans les placards depuis des années. L’histoire raconte la lente descente aux enfers de chacun des membres de cette famille sur laquelle enquête un duo d’enquêteurs croquignolet entre le vieux briscard et la jeune lieutenant qui a quitté Paris pour l’Auvergne.
Sous le patronage de Claude Chabrol et William Shakespeare
L’écriture de Cécile Cabanac est habile, fluide, chirurgicale et précise. Elle alpague le lecteur pour ne plus le lâcher et surtout, surtout, elle est très cinématographique. Il y a quelque chose de Claude Chabrol dans ce roman noir autour d’une famille bourgeoise dont le petit monde est mis à mal par le surgissement de l’imprévu. C’est aussi un roman sur l’hypocrisie, les faux semblants, les trahisons et les petits arrangements de l’entre soi. Une description acide d’un monde bourgeois dépassé. Cécile Cabanac signe un livre passionnant au titre inspiré de Shakespeare et de Mac Beth. “Là où nous sommes, il y a des poignards dans les sourires des hommes, proches du sang, plus proche du sanglant”, écrivait Shakespeare dans se célèbre tragédie. Voilà qui colle très bien avec le décor de ce premier roman très réussi de Cécile Cabanac.
“Des poingnards dans les sourires”, Cécile Cabanac, Fleuve Noir, 19,90 euros.
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