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BD de toujours #9 – S.O.S. Bonheur (1er cycle)

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Retour de notre BDthèque idéale avec Florian Ferry-Puymoyen. Ce mois-ci, Florian nous emmène à la recherche du bonheur. Ou pas d'ailleurs. Retour sur une dystopie visionnaire et superbe par Griffo et Van Hamme.

Pour commencer, je voudrais dire un mot, pour « évacuer » le sujet.

Oui, Griffo lui-même a un jugement sévère avec ce dessin assez daté : « Je suis […] plus sévère sur mon dessin ! Je me rends compte que c’était les premières planches réalistes que j’ai dessinées », dans la préface de décembre 2000 de l’édition intégrale.

Pour autant, je vous invite à ne pas rayer Griffo de votre liste à lire : jetez un coup d’œil à Monsieur Noir (avec Jean Dufaux au scénario), où son dessin à la ligne claire caricaturale et faussement naïf est bien plus fort.

Pour en revenir à la BD qui nous intéresse, S.O.S. Bonheur, ce côté un peu vieillot dans le traitement visuel (notamment dans les couleurs très années 80) contribue à diffuser un sentiment de tristesse qui colle bien à l’histoire. Pour cette première plongée dans un univers réaliste, Griffo a beaucoup travaillé ses planches pour les truffer d’affiches relayant les injonctions de l’Etat comme autant de slogans. Sans doute le gouvernement estime-t-il que la crise économique et ses signes visibles à chaque coin de rue doivent-ils être recouverts, à défaut de pouvoir sortir de la crise.

Une dystopie… écrite au début des années 80

L’histoire se déroule en France. On reconnait aisément l’ambiance de la France des années 80 (la première parution dans Spirou a débuté en 1984), tenues de gym façon Véronique & Davina de rigueur :

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Pour autant, il s’agit ici de science-fiction, ou plus précisément de politique fiction : Jean Van Hamme (oui, oui, c’est bien l’auteur des Thorgal, XIII et autres Largo Winch) dépeint les limites d’une société qui prétend offrir le bonheur à tous… mais en les privant de liberté.

Car dans S.O.S. Bonheur le temps n’est pas aux sourires. On ne sait plus si les personnages avancent la tête basse, trempés par la pluie omniprésente ou parce qu’ils sont agonis par un contexte angoissant fait de misère économique, dans une société minée par les inégalités.

A l’époque de cette série, les 30 glorieuses sont finies, le chômage croît inexorablement en France, frappant d’autant plus durement une population qui avait goûté aux joies de la consommation des années 60 & 70.

Cette politique fiction repose sur sept histoires, impliquant des personnages différents, chaque histoire traitant d’un aspect de la vie quotidienne : le système de soins, le contrôle des naissances, la préservation des données personnelles, etc.