Après Le Cahier Bleu et les Ignorants, c'est le retour de "BD de toujours", rubrique dans laquelle Florian Ferry-Puymoyen vous fait voyager dans les arcanes du 9ème art, dans des genres et des styles différents. Le tout pour vous donner envie, pour vous donner le goût de la BD et l'envie d'en débattre avec lui. Cela, aussi, pour ébaucher une forme de Bédéthèque idéale. Ce mois-ci, Batman. Il vous dit tout sur ce héros mythique.
En un titre tout est dit : « Batman: The Dark Knight Returns ».
"Dark Knight" : aussi sombre et ambigu que le comic book original était simpliste. D’ailleurs, le trait vif et le style direct du dessin de Frank Miller servent parfaitement le scénario noir comme la nuit (aussi de F. Miller). Et je vous rassure, pour Frank Miller le noir est la première couleur, nous sommes loin ici des couleurs criardes et primaires (aux deux sens du terme) des vieux comics (limités par les couleurs de l'édition sur papier en "CMYK" dans la publication originelle en feuilleton dans Detective Comics).
"Returns" car le chevalier noir revient à Gotham, après dix ans, alors que les jeunes (ie les lecteurs potentiels du comic book originel) pensent que ce n'est qu'une légende urbaine.
L'été assomme la ville, en un soleil de plomb : 44 degrés ! Une chaleur criminogène qui engendre d’autres désagréments : l'eau coupée dans les immeubles, les systèmes d'air conditionné en panne...
L'histoire commence avec un Batman de plus de 50 ans, laminé par la mort de Robin, écrasé par le rocher de Sisyphe que représente son ambition de nettoyer Gotham de ses psychopathes violents, meurtriers et autres vilains. Il sombre dans l'alcool et s'enfonce dans sa misanthropie.
Pour autant, il reste en vie, du moins ne se suicide pas ; sa vie sociale, elle, n'avait toute façon jamais vraiment existée.
Mais cette survie ne signifiait pas qu'il espérait voir Gotham s'assainir enfin. Il s'agissait bien plutôt de l’attente du fauve qui espère avoir de nouveau l'occasion de rugir. Tout comme Superman se dévoile derrière sa cape, Batman met le masque pour laisser la bête en lui s'exprimer. Car son identité véritable et bien celle de Batman, plus que de Bruce Wayne : n'avons-nous pas dit qu'il n'avait de toute façon pas de vie sociale ? Et qu'est d'autre "Bruce Wayne, le milliardaire philanthrope" si ce n'est un personnage social ? Son attente ne sera pas vaine : Gotham a besoin de lui, d'un héros.
Long, amer, avec quelque chose qui feule au fond de la bouche.
Pour le reste de l’intrigue, je ne saurai (ni ne voudrais) vous la résumer en quelques lignes : sur les 4 tomes, Frank Miller nous sert un scénario dense, sur plusieurs registres.
Suite à la commande par DC Comics d’un Batman plus moderne, Frank Miller commence par revisiter la question du super-héros : Batman vieillissant, Batman comme héros (vs. Superman, notamment dans cet album), le tout sur fond d'introspection. Frank Miller utilise d’ailleurs beaucoup les voix-off, nous permettant d’accéder aux pensées intimes des personnages principaux, qu’il s’agisse de Batman ou du commissaire Gordon.
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