Une fois dans l’année, les mères sont à l’honneur. C’est la fameuse fête des mères. Comme souvent, la littérature ne fait pas tout à fait les choses comme tout le monde. En effet, les écrivains tout au long de l’histoire ont consacré de nombreuses pages aux mamans. Qu’en est-il lorsque les écrivains ont étendu leur repas dominical annuel du mois de mai aux pages qu’ils ont dédiées à la figure maternelle ? Cette célébration annuelle du 27 mai 2018 est l’occasion de dresser une liste non-exhaustive des mamans de la littérature. Voici donc le livre de nos mères.
“Avec l’amour maternel, la vie à l’aube, vous fait une promesse qu’elle ne tient jamais”, écrivait Romain Gary. Gary dont la mère a été source d’inspiration, mais aussi source de tension et de pression. Finalement, Gary aurait pu écrire comme Philip Roth : “Elle était si profondément ancrée dans ma conscience que, durant ma première année d’école, je crois bien m’être imaginé que chacun de mes professeurs était ma mère déguisée.” Façon humoristique pour Roth de dire à quel point sa maman était présente dans sa vie. Trop peut-être, en mère juive. Mais au fond, quelque soit la relation que l’on peut avoir avec sa mère, elle est présente toujours. Même quand elle est absente. C’est ce qu’ont montré tous les écrivains qui à un moment donné de leur œuvre ont raconté leur mère, ou une mère. “On ne choisit pas ses parents” dit la chanson. On ne choisit pas sa maman, mais on l’aime forcément. Ou on rêve de pouvoir l’aimer. C’est ce que démontrent ces portraits de mères de la littérature.
Anne-Marie, la meilleure amie de Jean Paul (Les Mots, Jean-Paul Sartre, 1963) :
Dans le roman autobiographique aux apparats “bibliomaniques” de Jean-Paul Sartre, Anne-Marie, sa mère, est un personnage surprenant de l’enfance de l’auteur. Lorsqu’il tente de retracer les esquisses de ce qui a pu forger sa passion pour la littérature, entre la lecture et l’écriture, Sartre y inscrit sa mère comme une amie. Ils rient, se passionnent pour les histoires qu’ils se racontent. “Nous eûmes nos mythes, nos tics de langage, nos plaisanteries rituelles “. Anne-Marie détient sans doute la responsabilité ludique des aspirations littéraires du jeune Jean-Paul.
La presque photo d’une mère (La chambre claire, Roland Barthes, 1980) :
Une mère dont Barthes tente de retrouver le souvenir dans une démarche autobiographique tournée vers l’amour de sa mère et envers un essai théorique de la photographie. La mère, personnage principal d’une photo absente de cet objet littéraire hybride, nous révèle l’ambiguïté de la photographie et des sentiments que celle-ci peut nous procurer – surtout lorsque notre aimée génitrice y figure : “Le temps où ma mère a vécu avant moi, c’est ça, pour moi, l’Histoire”.
Clémentine et la folie protectrice (L’arrache cœur, Boris Vian, 1953) :
Boris Vian et sa plume nébuleuse ont décrit, dans son dernier roman aux allures psychanalytiques, les ressors et excès de la protection d’une mère. Une mère dévouée, prête à la folie et aux dangers pour ses triplets. “Elle lèche ses enfants pour les rendre plus propres, elle se met à manger des nourritures pourries, avariées. Jaquemort ne trouve que le chat à psychanalyser.”
Une mère … parce que c’est ainsi (Un barrage contre le pacifique, Marguerite Duras, 1950) :
De tous les personnages de la vie des mots de Marguerite Duras, la mère est certainement le plus accablé qu’elle dépeint. Une mère seule, confrontée aux difficultés d’une modeste vie en Indochine. De l’inquisition à la jalousie : les rapports se déchirent entre le désespoir d’une mère et le désir d’émancipation d’une fille. La question de la filiation apparait alors comme un trouble au sein duquel le lien familial n’appartient pas nécessairement aux tissages du cœur.
Augustine et son château (Le château de ma mère, Marcel Pagnol, 1957) :
Dans le second roman de la saga familiale de Pagnol, c’est la mère qui est à l’honneur. ” Telles est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d’inoubliables chagrins. Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants “. La douceur d’une gestuelle attendrie envers le jeune Marcel nous est évoquée dans le paysage rêveur de ce fameux château.
Ô mère adorée (Le livre de ma mère, Albert Cohen, 1954) :
“Amours de nos mères, à nul autre pareil”. Dans le célèbre roman d’Albert Cohen, la mère nous apparaît avec l’unique vocation de son enfant. Ne vivre que pour son enfant. Il est vrai que si l’on définit un être (dès le titre) par l’appellation de mère, son existence ne tient qu’à l’autre composante nécessaire d’une mère : l’enfant. Et c’est sous une écriture bouleversante que l’on découvre l’animation sublime du cœur d’une mère qui bat pour son fils. Une ode à l’ardeur et la bonté maternelle.
Maman a la langue fourchue (Vipère au poing, Hervé Bazin, 1948) :
Une mère qui effraie ; que l’on souhaite ne pas avoir c’est certain. C’est la figure paroxysmique de l’autorité qui est dépeinte dans le célèbre roman d’Hervé Bazin. Les agissements du diable maternelle qui mène à l’incompréhension des rapports éducatifs au sein d’une famille. La littérature nous livre néanmoins la compassion que l’on peut éprouver à tous les égards d’une mère cruelle.
Sur les traces d’une mère naissante (L’empreinte de l’ange, Nancy Huston, 1998) :
Évidemment la naissance d’un enfant amène à la naissance concomitante d’une mère. C’est ainsi que l’écrivaine canadienne nous délivre le récit de Saffie, une jeune allemande amoureuse, secrète et en quête d’une vie empreinte du passé. Entre une maternité allègre et un amour fou sous le poids de l’histoire, Nancy Huston restitue sensiblement les vertus de l’instinct maternelle.
Le souvenir d’une mère (À la recherche du temps perdu, « Combray », Marcel Proust, 1908) :
C’est au début de sa Recherche que Proust évoque la figure maternelle du narrateur. Ce personnage constitue un centre névralgique du souvenir, de l’enfance, du souvenir de l’enfance et inversement. Sœur de la tante à la légendaire madeleine, la mère du narrateur est une amie qui accompagne ses jeunes années, dans ses pleurs et ses découvertes. Sans y figurer comme une éducatrice elle est à ses côtés et aux nôtres dès les premiers temps du chef-d’œuvre de Proust.
Et vous quelles sont les mères qui vous ont marqués ?
Je dirais que c’est beau la fête des mères , la mère qui m’as marqué c’est forcément la mienne , mais il ne faut surtout pas oublié les pères !!!!!