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Ces narrateurs vous mentent et vous adorez ça !

Narrateurs Non Fiables

Fous, manipulateurs, schizophrènes, alcooliques, amnésiques. Depuis sept ans et la publication du best-seller Les apparences de Gillian Flynn, les narrateurs non fiables se multiplient dans les romans à succès. Un phénomène en phase avec une époque où les fake news côtoient les filtres Instagram. Décryptage d’une tendance littéraire qui ravit les lecteurs.

Qu’ont en commun Fight club, American Psycho, Shutter Island et La fille du train ? Best-sellers adaptés sur grand écran, ils mettent en scène des narrateurs qui déforment la réalité. Retranchés derrière leurs mensonges, leurs erreurs ou leurs errements, ils interfèrent avec l’histoire que l’auteur esquisse entre les pages et lancent les lecteurs sur de fausses pistes. Un jeu d’intrigues à double détente qui passionne le grand public. « Le narrateur non fiable, c’est un GPS qui plante et nous fait découvrir un lieu inattendu. J’adore qu’un personnage abuse de ma crédibilité et me prouve que j’ai eu tort de lui accorder ma confiance. » s’amuse André, lecteur compulsif.

Ernest Mag ApparencesAvec son thriller psychologique, Les Apparences (Sonatine 2012), la papesse du genre, Gillian Flynn, a séduit plus de 20 millions de lecteurs dans le monde et ouvert la porte à une déferlante de narratrices non fiables. La fille du train de Paula Hawkins (Sonatine, 2015), La femme à la fenêtre d’A.J.Finn (Presse de la cité, 2018) ou La disparue de la cabine n°10 de Ruth Ware (Fleuve, 2018)… En moins de 30 ans, le procédé a conquis Hollywood et le monde de l’édition. Apparu à la fin du XIXème siècle dans les œuvres gothiques d’Edgar Allan Poe et théorisé par l’américain Wayne C. Booth en 1961, le narrateur non fiable (unreliable narrator) se développe après la Grande guerre, écho de papier aux esprits traumatisés par le front. Plébiscité par les Anglo-saxons, il devient au fil du XXème siècle un ressort retord des polars et autres thrillers.