Cinquième épisode de notre série sur les héroïnes de romans inspirantes pour les femmes d’aujourd’hui et de demain. L’élue du jour est Céleste. La femme de chambre émouvante du superbe roman de Leonor de Recondo “Amours”, paru chez Sabine Weispieser et disponible également en Points Seuil. Céleste est une femme fantastique. Tout est contre elle, mais elle n’abandonne jamais. Sublime !
Céleste d’hier et d’aujourd’hui
“L’amour est là, où il ne devrait pas être, au deuxième étage de cette maison cossue, protégé par la pierre de tuffeau et ses ardoises trop bien alignées, protégé par cette pensée bourgeoise qui jusque là les contraignaient, et qui, maintenant leur offre un écrin. Point de velours cramoisi, point d’alcôve confortable, mais un lit de fer et une couverture de laine qui leur gratte la peau. L’éblouissement à portée de doigts et de langues.”
“Mon cœur a glissé dans ton corps. Je te touche et c’est moi que je caresse, lui murmure Victoire quand elle la pénètre de ses doigts.”
“Dans le vestibule qui le mène à son étude, Anselme croise Céleste, qui baisse aussitôt les yeux. Il ne la salue pas, elle n’existe pas. La bonne ne prend vie que de brefs instants. Tous les trois mois environ, quand une envie irrépressible le pousse à monter quatre à quatre les escaliers jusqu’à la petite chambre, jusqu’au petit lit en fer, pour serrer et tirer le chignon jusqu’à en jouir.”
“Céleste, plongée dans une multitude d’émotions inconnues jusque-là, réalise qu’elle a un corps. Cette découverte est purement sensorielle. Aucune idée, aucun concept dans cela. Juste une certitude : ce corps est là, il embrasse la vie, la donne, l’insuffle. Il est d’une puissance vertigineuse. Ce corps toujours nié, uniquement utilisé pour les corvées de la vie courante – souvent celle des autres -, prend une dimension nouvelle.”
“Une femme libre? Mais, ma chérie, ne l’es-tu pas déjà? Ta liberté tient-elle à une robe ?”
“Où est donc cette vie rêvée ? Cet accomplissement total promis à toutes les femmes ? De quelle tare est-elle affublée ? Pourquoi n’y arrive-t-elle pas ? Elle qui pensait qu’il suffirait de le regarder pour l’aimer. Non, elle le regarde pleurer, et le sentiment qu’elle éprouve est de l’indifférence. Une indifférence telle qu’au bout d’un moment elle n’entend plus les cris, et le calme surgit enfin. Un calme qui la mène loin des autres, loin de cette chambre, de tous, de tout.”
“Céleste d’apprête à regarder au plus profond de son être. Elle plonge dans l’abîme de son corps pour y puiser une force sauvage, qui est là depuis toujours, qui attendait l’instant. Et l’instant est maintenant. Céleste pousse de toutes ses forces la vie hors d’elle. Point de rideaux, point d’enfants curieux. Un silence qui se fraie dans son âme. Le silence qui précède la vie, le même, exactement le même que celui qui précède la mort, celui de l’être, de la pleine conscience. Céleste, accompagnée de sa force insoupçonnée et du silence originel donne la vie. Et le cri qui la déchire n’est pas le sien, mais celui de son enfant. A peine né.”
[…] redéfinition des rapports hommes-femmes. Il y avait alors : Victoria, Lisbeth, Corinne, Adèle, Céleste, Claire et Marianne. Ce furent les épisodes 1 à 7 de la saison 1 des héroïnes de romans […]