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Les érotiques de votre rentrée

La rentrée est là. L’automne approche. L’occasion de se plonger dans quelques ouvrages polissons. Pour le plaisir des sens, pour les plaisirs des yeux, pour cultiver l’imaginaire, et pour pimenter nos vies. Librement. Au menu de ce mois de septembre : “les hommes préfèrent les rousses, les 121 possibilités (au moins), d’une chambre d’hôtel et les tribulations de Blanche-Neige. De l’érotisme, du sexe, des fantasmes. Sexy !

Pourvu qu’elle soit Rousse –  Stéphane Rose – La Musardine

Ernest Mag Pourvu Qu Elle Soit Rousse 372780« Je suis en train d’écrire un livre sur cette fascination que la rousseur m’inspire ». Les mots de l’auteur et sa voix sur ce sujet quelque peu intemporel annoncent le roman. Les rousses, voilà un sujet qui a envoûté les artistes du monde entier,  mais aussi les historiens et les sociologues. Et aussi, peut-être, ceux qui aiment uniquement « les rousses » comme on aime les blondes.
Les rousses hantent l’imaginaire. Leur aura sulfureuse fascine les hommes, en général, ainsi que les institutions,  et les croyances. Pendant l’Inquisition elles étaient les “Incandescentes”, ou les “femmes de Satan”. C’est cette idée qu’a repris Stéphane Rose dans cet ouvrage fascinant, dérangeant et un brin fétichiste. Un roman ? Une thérapie ?
J’y ai retrouvé l’obsession d’un narrateur séparé de sa rousse Anaïs pour la rousseur de ses autres conquêtes. Collectionneur en ligne, il passe tour à tour de « malade » à « séducteur ». Entomologiste maniaque obnubilé par l’« odeur des rousses » dont il cherche à percer le secret ? Mais l’addiction est incontrôlable. C’est ce qui m’a captée dans ce récit bien plus complexe qu’il n’y paraît. J’y ai lu la névrose, le désir, la tension sexuelle, des réflexions sur la rousseur et la place qu’elle tient au cœur des débats intérieurs, et intimes, de l’auteur. Un texte d’une riche culture, sincèrement apprécié.

Obsession contagieuse

L’érotisme est alors une seconde phase, une seconde lecture, une approche surtout. La femme rousse est sexuellement insatiable, son odeur est un puissant vecteur érotique. Les mots sont crus, les scènes sans aucune censure. J’aime l’idée que l’on ne fasse pas l’amour de la même façon en fonction de ses fantasmes, même avec un sexe commun.
C’est le côté « naturel », parfois « simpliste » du narrateur sur ses expériences qui m’a emporté au cœur de ses introspections et son désir monomaniaque. J’aime le cynisme et la férocité du texte. On s’y perd, on est d’accord, on se demande si finalement, nous aussi nous ne sommes pas de son avis. En refermant ce livre-essai, je suis convaincue, je dirais même littéralement convertie.

La vie sexuelle de Blanche-Neige – Etienne Liebig – La Musardine

Ernest Mag La Vie Sexuelle Blanche NeigeLe conte de Blanche-Neige pour un livre érotique, c’est évident. Le fantasme de cette princesse à la peau blanche, aux cheveux d’ébène et aux lèvres rouges est l’un des plus marqué dans la culture pornographique. Ensuite viennent les sept nains et le prince charmant, une mine d’or pour les auteurs.
Mais rien de comparable avec le roman d’Etienne Liebig. Sa prise de position sur le format – une autobiographie – fait toute la différence de son œuvre. Rien de semblable à ce qui a pu être écrit auparavant, et certainement pas de cette manière. Conquise par la poésie et la richesse des références parsemées dans le texte – Oui, il y a Proust-, j’ai savouré chaque mot. J’ai dégusté ce récit irrévérencieux à la plume subtile et clairement superbe.
L’auteur évite la caricature. C’est une des grandes qualités du roman. La liberté des personnages et l’imagination débordante pour cette « biographie non-autorisée » m’a transportée dans une lecture radieuse, coquine, où la jouissance est belle, tout simplement.
Entre un miroir initiateur du corps de la belle Blanche-Neige, un prince loin d’être charmant et des prières réaménagées pour les bienfaits du sexe, je n’ai pas été déçue. J’aime le second degré et la dénonciation du sacré. J’aime l’érotisme, car c’est l’un des textes érotiques les plus intéressants que j’ai découvert, non-censuré, attendu mais percutant.

Blanche-neige se dévergonde !

La description des péripéties de Blanche-Neige et de ses acolytes est convenue, néanmoins appréciée et menée à la perfection. C’est succulent. Le texte réussi le pari, difficile, de s’élever au-dessus des clichés de la romance. La douceur n’est pas une faiblesse. Ce n’est ni fade ni aseptisé. De l’érotisme pur et délicieusement excitant.
La délicatesse ? L’humour, ce fort pouvoir érotique et cette maîtrise m’ont séduite. Etienne Liebig est un conteur hors pair.
Pour une première lecture du genre, pour les amateurs de fantasmes, les amoureux du beau mot, ce roman est à ouvrir sur son chevet.

Chambre 121  – Boccacere – Editions Dynamite

Ernest Mag Chambre 121Après ma découverte de « La Pharmacienne » en version bande-dessinée, l’adaptation du roman d’Esparbec, il me tardait de plonger dans l’intégrale de « Chambre 121 ». Une chambre pour 121 scénarios, peut-être. La pornographie des dessins, du texte qui ne vient ici qu’en support de nos désirs est quelque peu stéréotypée, mais elle fonctionne.
Chambre 121, c’est l’histoire d’un réceptionniste dévoué, corps et âme, à une clientèle exigeante et une directrice lubrique. Je me suis laissé prendre au piège de ces planches fantasques et clairement « bandantes ». Captivantes. Imaginatives. L’expérience du réceptionniste semble réelle et toutes les excentricités érotiques que j’ai retrouvé dans cette chambre du vice, donne une dimension particulièrement excitante.

Un encas sexuel piquant !

Dans la ligne de Milo MANARA, BOCCACERE m’a plongé dans près de 300 planches au trait en noir et blanc. Réalistes. Fines. Chambre 121 est sulfureux. J’ai apprécié que la sexualité soit assumée, consentie et très libre. Très explicite. Crue. La limite entre vulgarité et obscénité est mince, parfois franchie, souvent en équilibre.

Je note malgré tout que la projection et le fantasme sont exclusivement masculins, à la limite du machisme. Femmes trompées, femmes adultères, femmes enceintes, l’auteur explore et assouvi les désirs d’un panel relativement large. Cliché, mais réussi.
J’aime pour la nostalgie des illustrations d’une ère pornographique ancienne. J’aime pour la richesse de l’ouvrage et les épisodes à grignoter comme un encas…piquant.

Ernest Mag Chambre121 PlancheA 181976

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