“Houellebecq Bean” à l’Élysée

Un nouveau livre de Pierre-Louis Basse est toujours une joie. Parfois, il nous emmène dans le métro ausculter le réel de la France, d’autres fois, il nous raconte l’histoire, ou le football. Dans ce nouveau livre, Pierre-Louis Basse narre comme aucun autre avant lui la vie de conseiller à l’Élysée. Ce qu’il a été pendant trois ans durant le mandat de François Hollande. Un livre drôle et essentiel sur le pouvoir. Vous aussi, venez découvrir le “flâneur de l’Élysée”.

En août 2014, Pierre-Louis Basse, journaliste de radio, voix du foot sur Europe 1 et écrivain est accoudé au comptoir. Il reçoit un SMS. François Hollande lui demande : « que faîtes vous ? Où êtes vous ? ». Dans la joie de la soirée, Basse répond : « je suis là ». Le début de l’aventure. Cette aventure qui a conduit ce fils de communiste « élevé au son de l’Internationale » à aller poser ses guêtres à l’Elysée. Au cabinet de François Hollande. Chargé des discours et des grands évènements. Trois ans plus tard, il sort « Le flâneur de l’Elysée » dans lequel il narre cette aventure. Enième livre de conseiller ? Absolument pas. Si vous voulez lire les coulisses, et les débats politiciens, ne lisez pas ce livre. En revanche, si vous voulez lire un « roman du réel » sur la tragi-comédie du pouvoir, ce « flâneur » vous plaira.

Pierre-Louis Basse y instille tout son talent et tous les atouts de ces précédents livres. L’oeil du journaliste romancier qu’il avait aiguisé dans « Ma ligne 13 » ou « ma chambre au triangle d’or », celui du conteur hors pair qu’il nous avait montré dans « Séville 82 », « Comme un garçon » ou encore « mes buts dans la vie » , et enfin celui de l’homme engagé entrevu dans « Gagner à en mourir » ou « Guy Moquet, une enfance fusillée ». Résultat : ce flâneur de l’Élysée est peut-être l’un de ses meilleurs livres car en plus de toutes les qualités de ses précédents ouvrages, Pierre-Louis Basse ajoute l’humour et la dimension comique du pouvoir. Par moments, les « Pieds Nickelés » sont à l’Élysée et le lecteur s’esclaffe de rire. Devant la farce qui se joue devant lui. Cette farce du pouvoir et des gens qui « se croient important ». Comme dans la chanson de Louise Attaque, on a envie à l’instar de Pierre-Louis Basse de leur dire « faut pas se laisser gagner par l’euphorie de croire que l’on est quelqu’un d’important ».

L’humour tendre de Basse rend la réflexion sur le pouvoir encore plus sincère

Cet humour qui le concerne lui – engoncé dans des chaussures pointues qui lui font mal aux pieds – mais aussi les autres conseillers et même le président de la République est aussi une façon pour Basse d’exorciser positivement les moments de doute ou de déception qu’il a pu vivre durant trois ans au Château.  Enfin, cet humour et l’aspect drolatique du livre en font un livre tendre. Sans acrimonie sur ce pouvoir qui est « forcément décevant ». Ce « flâneur de l’Elysée » est à lire. Vraiment. Parce que c’est un roman. Parce que c’est une caricature pertinente et drôle, et parce que c’est un grand livre sur le pouvoir. Et enfin, parce que tous les livres de Pierre-Louis Basse sont à lire. Pour leur musique, pour leur style et pour la densité impressionniste des propos de l’auteur.

“Le flâneur de l’Elysée”, de Pierre-Louis Basse, éditions Stock, 19,50 euros.

Retrouvez notre grand entretien avec Pierre-Louis Basse ici.