Universelle. C’est le mot qui correspond le mieux pour décrire l’histoire que raconte Olivia Elkaïm dans son quatrième roman “Je suis Jeanne Hébuterne” qui paraît chez Stock. Universelle et pourtant particulière. Olivia Elkaïm se glisse avec un très grand talent dans la peau de Jeanne Hébuterne, maîtresse d’Amédeo Modigliani. A 17 ans, en 1917, Hébuterne croise le peintre. Le coup de foudre entre les deux est quasi immédiat. Une passion naît. Envoutante et renversante. Cet élan de vie conduit Hébuterne à s’affranchir des codes sociaux, et lui donne le courage d’aller au bout d’elle-même. Tout cela Olivia Elkaïm, qui emploie le “je”, le raconte à la perfection. Avec une densité et une urgence qui rendent justement cette histoire particulière si universelle. La passion d’Hébuterne et Modigliani est aussi – comme toutes les passions – destructrice. Hébuterne se laisse aller. Elle sombre. Modi, lui, la néglige. Cela aussi, Elkaïm en fait à la fois un propos immensément daté de 1917 mais aussi terriblement actuel.
Brillante passion !
Au final, ce roman court, vif, écrit comme un cri est une lecture bouleversante. Bouleversante par la pureté d’Hébuterne, par la négligence de Modigliani, et par la verve de l’auteur. A la fin de la lecture, le lecteur est hagard. Lui aussi a vécu cette passion en accéléré. Lui aussi est vidé. Comme Hébuterne. Comme Modi. Mais il a le sourire de ces deux personnages lorsqu’ils étaient amoureux.
Avec ce quatrième livre, Elkaïm démontre une nouvelle fois – si besoin en était – son très grand talent. En allant puiser chez Hébuterne la façon de raconter ses propres quêtes et ses propres doutes, Elkaïm rend l’histoire de cette passion fulgurante universelle et particulière. Surtout, elle s’extrait du moi, pour dire nous. Brillant !
[…] Prix Femina 2017 – « Je suis Jeanne Hébuterne » – Olivia Elkaïm – Stock […]