Tout au long du mois de juillet, elle squatte les ondes de France Inter alliant fraîcheur, curiosité et bonne humeur. Julia Molkhou, la présentatrice du Mag de l’Eté a raconté à Ernest son rapport aux livres. Rencontre.
Après une année passée à incarner la culture sur LCI, tu débarques à la radio, sur Inter, une station qui aime les écrivains
Julia Molkhou : Je suis très heureuse et très fière d’avoir été choisie par Laurence Bloch et Yann Chouquet pour présenter le Mag de l’été tout le mois de juillet. C’est une super émission, qui permet de recevoir plein d’artistes que j’admire, parfois totalement hors promo, ce qui a donné un ton très différent je trouve, en rupture avec ce à quoi nous sommes habitués…
Quand on est journaliste culture, on reçoit des centaines de livres, toutes les nouveautés… Les bonnes surprises existent-elles encore en pareil cas ?
Heureusement que oui ! Et tu sais, les couvertures et les titres font encore de l’effet! C’est dingue comme le beige rosé des couvertures Gallimard me met en joie. Et puis, les livres ne nous arrivent pas comme ça. les attachés de presse des maisons d’édition font un travail formidable. Ils ciblent parfaitement ce qui peut m’intéresser, m’appellent pour me parler d’un livre ou de son auteur. Sincèrement, chaque enveloppe craftée que je reçois, qu’elle contienne des livres ou des disques, me fait l’effet d’un cadeau. Je suis toujours contente de découvrir des choses.
Ton goût de la lecture, d’où vient-il ?
J’ai toujours vu ma mère lire. Beaucoup et des choses très variées, pointues. Encore aujourd’hui elle passe régulièrement à la maison et m’emprunte des titres. Ce qui est formidable : lorsqu’elle aime quelque chose, elle me donne envie de le lire tout de suite et en général j’en parle juste après ! En fait, c’est à ma mère qu’il faudrait tout envoyer ! (rires)
Tu as des auteurs fétiches ? Un livre préféré ?
Vernon Subutex, de Despentes. J’ai adoré la violence sourde, le mal-être si bien décrit, la perte de vitesse, les petites manies, les gros défauts, les sales caractères…. La symphonie pastorale, d’ André Gide. Intemporel et magnifique… Si vous ne l’avez pas lu, c’est le moment ! L’an dernier, j’ai découvert En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut (qui vient de paraître en Folio et fait partie de la sélection Ernest des poches de l’été). C’est probablement le livre que j’ai le plus offert.
Plus près de nous, à la suite d’ une émission de Nicolas Demorand sur la Non-Fiction, j’ai lu “Sinatra a un rhume” de Gay Talese (publié aux éditions du sous-sol). J’ai adoré ! J’aime tellement de livres différents, pour tellement de raisons… Je ne peux pas choisir ! C’est comme au restaurant… Je suis nulle en choix ! Pardon, vraiment…
Sur Inter officie Augustin Trapenard. Tu le cites souvent en exemple dans les interviews. Votre point commun ne serait-il pas la bienveillance ?
J’aime beaucoup Augustin, je suis très admirative du travail qu’il fait. Il ose, il maitrise, il sait, il rebondit. C’est vraiment bluffant. Et si en plus tu nous trouves un point commun, alors là je suis flattée! Mais tu n’en trouves qu’un, tu es sûr ? (rires)
“Être enjouée quand on aime quelque chose. C’est peut-être la clef”
Absolument pas ! Autre point commun, votre modernité ! C’est compliqué de parler de littérature et d’être totalement dans son époque ?
Ah tu vois ! Nous sommes modernes, bien ! Ça veut dire quoi, modernes ? Modernes dans notre époque ou dans notre façon d’être, de parler, de recevoir les gens ? Augustin et moi n’avons pas du tout la même culture, il est brillant ! Un spécialiste des sœurs Brontë de surcroît, franchement c’est incomparable. Je n’ai pas ses références, en revanche, comme lui, je suis curieuse et toujours enjouée quand j’aime quelque chose. C’est peut-être la clef.
Aujourd’hui, le public semble détester qu’on lui indique quoi lire, quoi voir, qui écouter. La presse culturelle en souffre d’ailleurs, des titres comme Télérama et les Inrocks ont perdu de leur pouvoir prescripteur. Comment composes-tu avec cette donnée, toi qui es à l’antenne chaque jour ?
Les gens ne veulent pas qu’on leur dise quoi lire, ils veulent rencontrer celui qui signe le roman ! Ils veulent découvrir l’auteur ! C’est en ça que la radio est un média fantastique… On se rencontre sans se voir… On entend une voix, un air, un genre, un accent. Et puis le sourire, notre sourire, s’entend à la radio et ça je crois que le public y est sensible.
Revenons aux livres…Il y a t-il des auteurs jusque-là ignorés que tu te promets de lire un jour ?
Annie Ernaux ! J’ai très envie de découvrir son œuvre. Il parait que c’est formidable. C’est le premier nom qui me vient mais il y en a évidemment beaucoup d’autres.
Quid de tes détestations ? On parle toujours des auteurs que l’on adore mais jamais de ceux qui nous laissent froids…
Sincèrement je n’ai pas de noms qui me viennent. Je ne déteste rien. Si ça ne m’intéresse pas, je pose le livre. Et j’en ouvre un autre. Jusqu’à ce que je tombe sur quelque chose qui m’emporte. J’ai de la chance : ça arrive souvent !
Le top 10 de Julia Molkhou :
Vernon Subutex de Virginie Despentes
Comment tu parles de ton père, de Joann Sfar
Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar
Quelques pas dans les pas d’un ange de David McNeil
Retourner à la mer de Raphaël Haroche
Le village de l’allemand de Boualem Sansal
Petit suicide entre amis, Arto Paasilinna.(qui était aussi le coup de coeur d’un Ernestien)
Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand
La tâche de Philip Roth
La symphonie pastorale d’André Gide