L’été approche et alors que les jours allongent leur course, une mélodie résonne aux oreilles des Ernestiennes du fond du lit, ou des Ernestiens de la boulangerie, celle du choix. C’est un air ancien et pourtant toujours neuf, qui se joue dans les rues pavées de nos villes, entre les pages jaunies des livres oubliés, et sur les scènes des concerts où s’exprime dans toute sa splendeur la force de l’humanité.
Alors que, forcément, les pensées se tournent vers les élections européennes et que le risque est immense de voir la peste brune de l’extrême droite raciste, antisémite, nationaliste devenir le second parti du continent, il est bon de se rappeler que le choix est une symphonie à multiples mouvements. Chaque décision, chaque vote, est une note qui s’ajoute à la partition de notre avenir collectif. Et se poser une question : voulons-nous vraiment laisser les racistes, antisémites, nationalistes, populistes décider de notre avenir collectif ?
Quel rapport avec la littérature ? Peut-être Baudelaire. Peut-être pour éviter le spleen mélancolique des lendemains qui déchantent. Peut-être Hermann Hesse, qui dans son roman « Le Jeu des perles de verre », décrit une quête intellectuelle et spirituelle où la musique et les lettres se confondent. Ce jeu symbolise notre capacité à créer des liens, à transcender les frontières par la culture et la connaissance. Et si nous abordions le vote du jour avec cet esprit d’harmonie ?
Choisir avec conscience, c’est écouter non seulement notre propre mélodie intérieure, mais aussi celle des autres. C’est entendre les voix des écrivains, des musiciens, des poètes qui ont toujours cherché à capter l’essence de notre humanité partagée. Choisir pour ne pas avoir demain à renoncer, choisir pour continuer de construire, choisir pour éviter la destruction du temple européen patiemment construit et imparfait. Imparfait, car humain. Trop humain.
Faire un choix, c’est un acte de foi. C’est croire en quelque chose de plus grand que soi, en une possibilité d’harmonie dans le tumulte. Les élections européennes, en particulier, nous offrent une occasion unique de façonner le cadre dans lequel cette grande symphonie se jouera. L’Europe, avec ses mille visages, ses langues et ses cultures, est un orchestre hétéroclite. Chaque nation apporte sa propre couleur, son propre rythme.
Pompeux ? Peut-être… Assumé. Tout cela est trop important. Trop grave. Trop répétitif pour que nous nous laissions aveugler par le sentiment que le non-choix est une bonne chose. Alors, ce dimanche, Ernestiens et Ernestiennes, lisez Kundera et Zweig qui parlent d’Europe dans nos colonnes, profitez des enfants, allez au marché, au cinéma, à la plage, travaillez si vous le voulez et que vous le devez et surtout, surtout allez voter. Et éviter de voter pour les extrêmes qui nous amèneront les ténèbres pour longtemps.
Bon dimanche,
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