2 min

Un amour de cul

Ernest Sextine Gorce2

Un livre découvert grâce à une libraire fantastique, Elodie Murzi, chez Ici grands boulevards aujourd’hui, qui l’avait conseillé dans notre podcast littéraire “La Ripaille littéraire“. Depuis 2017 ce livre est présent dans notre vie. La relecture est régulière. Le fait de l’offrir, également. Opérer aujourd’hui une transmission.

Comme dans les vraies rencontres amoureuses, il ne faut pas s’arrêter au titre de ce livre magnifique de Jana Cerna. Il faut aller derrière les apparences. Chercher les failles pour les aimer profondément. Avec ce titre évocateur, l’autrice attire l’attention du lecteur. Cependant, les premiers mots du texte sont les suivants : “mon amour, mon amour, mon amour”. Ils renseignent beaucoup plus sur le contenu de cette lettre que l’autrice destine à son amant Egon Bondy. Le lecteur ne tient pas le postérieur de Jana Cerna dans les mains, mais une lettre d’amour totale. Une lettre d’amour où il est tout à la fois question de désir, de sexualité, de philosophie, de ce qui lie les amoureux, de beauté et de sensualité. Les mots de Cerna prennent place dans l’Europe de l’est de l’après-guerre, mais ils sont de facto universels tant ils résonnent avec ce que chacune et chacun peut ressentir alors qu’il / elle vit l’une de ces histoires qui comptent. L’une de celles qui laissent une empreinte.

Pasdanslecul Couverturehd 0 728x1024Tout ce que j’ai fait dans ma vie et dont j’ai eu honte, je l’ai fait parce que c’était raisonnable. Non merci, sans façon, gardez-moi de la peste, du typhus et de l’esprit raisonnable. Le raisonnable, ce sont les affiches anti-alcooliques, la gestion d’État, les préservatifs et la télévision, c’est la poésie stérile qui sert la bonne cause ; pour l’amour du ciel, épargnez-moi le raisonnable, j’ai assez de vitalité pour en supporter plus que n’importe qui d’autre, mais le raisonnable me ferait mourir en moins d’une semaine de la mort la plus triste qui soit, le raisonnable détruit en moi tout ce qui fait sens, il m’ôte toutes mes forces, qu’elles soient érotiques, intellectuelles ou autres” s’enflamme Cerna touts hardie de la force de son amour. De ce qu’il remplit chez elle. Et de lui écrire : “Tu ignores à quel point je suis fière de t’avoir, de ce que tu m’aimes (car je pense que tu m’aimes), de t’aimer à mon tour, de toi, de ta manière d’être, de qui tu es.” Fière de s’aimer et de se nourrir l’un l’autre.

Cette lettre charrie avec elle tous les sentiments. De ce que signifie aimer l’autre, de ce que veut dire se sentir l’égal de l’être aimé et que chacun soit pour l’autre une source de désir et d’inspiration. De ces amours qui rendent plus libres. Car ces belles histoires sont à la fois des cris du cœur, du corps et de la pensée. C’est un livre voluptueux, ode à la liberté, et d’une modernité folle. Tout cela transpire dans chacun des mots de ce texte incisif, court, intense, sensuel, et philosophique. A découvrir, à redécouvrir, à lire ou à relire.

Toutes les inspirations d’Ernest sont là.

Laisser un commentaire