Écrire sur une histoire d’amour adultère. Écrire sur les manques, les beautés, les sourires, les joies, les peines, les aller-retour, les départs, les peurs, les oublis, les envies, les escapades volées, constitue peut-être la matière la plus passionnante pour les auteurs et les autrices, mais s’impose aussi comme l’une des choses les plus lues et les plus éculées. Aussi, lorsqu’un écrivain, en l’occurrence Mathieu Terence, parvient avec son roman-récit “Les quatre vies d’un amour” à réinventer le genre, en cousant à l’aide d’une langue magnifique un tombeau pour son amour perdu, il y a une forme de magie qui touche le cœur du lecteur. Cette magie propre à la littérature qui par le talent d’un auteur et la puissance d’une langue permet au lecteur de s’enrichir toujours un peu plus d’une nouvelle expérience sensible, ou d’un autre regard.
De l’émotion à chaque page
Terrence raconte son histoire d’amour avec Ariane entre 2011 et 2017, de la façon dont le “Nous”, personnage à part entière du livre s’est construit, patiné, amusé, augmenté de l’apport de chacun. Il dit surtout la beauté du lien électif, de cette envie commune, malgré les aléas de la vie, des coups de cœurs ou des bourrasques de préserver l’addition qu’il formait avec Ariane. Ariane, femme solaire, prête à toujours tendre la main aux autres mais qui, parfois oubliait de se la tendre à elle-même. Terence raconte les voyages à Sils-Maria, à Duino, à Saint-Pétersbourg. Les folies de “Nous”, et le pèlerinage des amants sur les traces de Lou Andréas-Salomé, femme de lettres enivrante, amoureuse de Nietzsche et de Rilke. Il narre avec une force poétique rare les moments charnels comme les moments où l’amour s’incarne dans les tous petits riens, comme la façon de marcher sur l’espadrille de l’autre pour l’embrasser. Un jour de juillet 2017, Ariane est sur la plage, elle voit un enfant se noyer, le sauve, est prise dans le courant et meurt d’épuisement. Le narrateur / Terence est alors effacé par la famille, les amis, le “comédien”, ce mari qu’Ariane n’aimait plus vraiment mais dont elle ne parvenait pas à se séparer. Il est seul. Manque de tomber, mais il écrit et trace un livre magistral (que certains pourront trouver par instants bavard) mais qui est d’une beauté incandescente.
Un livre que l’on rêverait d’avoir écrit pour celle ou pour celui que l’on aime au grand jour ou en cachette. Un livre qui confirme que l’on aurait adorer rencontrer Ariane, sa joie de vivre, et sa fringale de vie qui transparaissait dans ses livres. Car oui, Ariane était une personnalité. Mais peu importe finalement, elle était toi, moi, nous, et aussi chacune et chacun lorsqu’il s’agit des affaires de cœur. Ces “quatre vies d’un amour” sont des élixirs de vie. Une sorte d’amour au carré.
“Les quatre vies d’un amour”, Mathieu Terence. Grasset.
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