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La promesse de l’Autre

Austin Chan UkzHlkoz1IE Unsplash

Comment un personnage de Romain Gary, recherché par l'écrivain Désérable, donne des clés pour repenser notre rapport à la politique. Bienvenue dans l'ère de la politique Piekielny où se perdre avec l'Autre pourrait nous aider à nous sauver.

La politique est devenue l’inverse d’une cure analytique. Peu importe le cheminement, l’essentiel, c’est le résultat, sa mesure, son efficience. Pour présider au destin commun des hommes, il faut désormais se soumettre au “solutionnisme”, à la tyrannie du rendement. Le constat pourrait être amusant avant d’être affligeant. L’obsession de l’impact public a crû proportionnellement à la perte de notre souveraineté, à notre capacité à exercer notre volonté sur le destin. Habiles en dissimulation, en devenant politiquement inaptes, nous avons objectivé un sens virtuel de l’action. Contrainte budgétaire, principe de subsidiarité, cercle de la raison, TINA, les raisons structurelles de notre vassalisation morale et politique sont nombreuses. Mon propos n’est pas de les étudier. J’aimerais plutôt envisager la possibilité d’une régression salutaire, grâce à la littérature. J’aimerais faire l’hypothèse d’un chemin inverse. J’aimerais que nous puissions repenser la politique comme une question que nous nous posons ensemble, avant de l’envisager comme une réponse que nous formulons seul.

Le magnifique roman de François-Henri Désérable, Un certain Monsieur Piekielny, constitue un manuel habile pour apprendre à nous regarder, pendant que nous empruntons des voies nouvelles. Nous marchons sur ces voies sans avoir où elles nous mèneront, peut-être nulle part ou peut-être vers le bonheur et la félicité. Le résultat n’a pas d’importance pour le moment. Oublions-le un instant et profitons de notre déambulation. Reprenons le goût de l’épopée politique, avec le livre de Désérable. ”C'qui compte c'est pas l'arrivée, c'est la quête” comme le résume justement le chanteur Orelsan. Le roman de Désérable pose une question qui a traversé la tête de nombreux lecteurs de La promesse de l’Aube de Romain Gary : qui est ce fameux Monsieur Piekielny qu’évoque l’auteur ? Cette “souris triste” de Wilno a-t-elle réellement existé et habité au n°16 de la rue Grande Pohulanka ?