2 min

Espoirs obstinés

Kind And Curious IxFys6lTWFg Unsplash

“So this is Christmas, and what have we done ?” interpellait John Lennon dans sa chanson Happy X Mas. La fin de l’année est là et qu’avons nous fait ? Question rhétorique. Question que chacun et chacune, forcément, se pose alors qu’une année se termine et qu’une autre va démarrer.
Le 21 décembre aura lieu le solstice d’hiver, ce moment où la nuit est la plus longue de l’année et où nous tendons à nouveau vers la lumière. Voilà peut-être ce qui nous conduit à établir des bilans qui comme les résolutions sont forcément provisoires, c’est leur rôle. Ils sont là pour rythmer la vie et surtout nous permettre de nous rassurer tout en ayant la possibilité de faire le pas de côté ou d’envoyer valser nos résolutions.

Bref, c’est Noël et qu’avons-nous fait ? Alors qu’il était temps de réfléchir à cet édito, cette question est venue à l’esprit. Au niveau personnel, forcément, mais aussi au niveau collectif, et au niveau de ce qu’est ce média, Ernest, que vous nous faites l’honneur de lire chaque dimanche et pour certains et certaines d’entre vous de pousser le soutien capital pour nous en y étant abonnés.

Depuis sa création, une antienne guide celui qui l’anime autant que toutes celles et tous ceux qui ont porté et qui portent encore leur concours à l’aventure. L’idée que la littérature raconte le monde et que le monde résonne en elle. L’idée d’un journal où l’on a fait le pari que la recherche de la beauté à travers la littérature nous permettait de donner du sens à nos vies et de nous ouvrir aux autres. L’idée aussi d’un journal où la littérature avoisine la fête, l’amour, la légèreté, l’intelligence, la jouissance et où la liberté d’expression est une règle absolue.

Et si c’était cela la réponse à la question de Lennon ? Ernest grâce à ses lecteurs et à ses lectrices a fait tout cela cette année. Ou du moins, il a essayé. Essayer. Voilà le mot qui a résonné avec l’idée  – venue étrangement à l’esprit alors que l’équipe de France se qualifiait à nouveau 4 ans après pour la finale de la Coupe du Monde de foot – de l’éternel retour de Nietzsche qui se situe au cœur de ce livre tant aimé de Kundera “l’insoutenable légèreté de l’être”. Être léger ou grave ? Comment trouver l’équilibre ?

Et si, comme l’affirme Nietzsche la vie n’est qu’un éternel retour alors il convient, non pas de faire des bilans, ou des résolutions, mais bel et bien de vivre chaque moment afin d’être capable de le revivre indéfiniment.

L’enchevêtrement des pensées a ensuite conduit à se demander, malgré tout, les phrases marquantes lues cette année. Le jeu était simple : quelle est celle qui vient en tête instantanément ? Il y en a eu deux (oui, je sais ce n’était pas la règle, mais bon).

La première est signée de Lola Lafon dans son livre magnifique “Quand tu écouteras cette chanson”. La voici : “Écrire est geste d’espoir obstiné, la preuve d’une espérance insensée.”

 Espoir obstiné, espérance insensée. Et si, finalement nous faisions ça, tous et toutes, chaque jour en étant vivants, puisque vivre c’est aussi imaginer ?  Et si, finalement ce n’était pas ce que nous faisions nous aussi, ici, à notre petit niveau ? Chercher l’espoir obstiné des auteurs. Sonder l’espérance insensée des autrices.

Et peut-être aussi, chaque dimanche, cultiver l’espoir obstiné que les quelques bafouilles que nous vous destinons, à vous chers lecteurs et chères lectrices du fond du lit ou du retour de footing, puissent résonner en vous. Qu’elles fassent se dessiner un sourire sur vos lèvres, qu’elles suscitent une douce émotion, qu’elles vous enivrent (Oui, carrément, pourquoi ne pas rêver un peu ?), ou qu’elles vous agacent, bref qu’elles vibrent chez vous.

Quoi d’autre ? Ah oui, la deuxième phrase. Elle concernait l’amour. Elle restera, pour le moment, secrète. Pour nourrir votre espoir obstiné de la connaître lors d’un prochain édito… peut-être.

Bon dimanche chers amis, et belle fin d’année.

L’édito paraît le dimanche dans l’Ernestine, notre lettre inspirante (inscrivez-vous c’est gratuit) et le lundi sur le site (abonnez-vous pour soutenir notre démarche)
 
Tous nos éditos sont là.

Laisser un commentaire