11 novembre. Forcément, il eut été tentant de faire un éditorial sur Maurice Genevoix et sur son superbe “Ceux de 14”, mais l’annonce de l’entrée au Panthéon (enfin!) de Genevoix par le président de la République a permis une nouvelle mise en lumière de cette œuvre indispensable. Il eut été tentant aussi de faire résonner la déclaration polémique de la semaine sur les qualités de soldat du Maréchal Pétain avec les livres. Nous l’avons d’ailleurs fait en enjoignant celles et ceux qui ont parfois un problème avec la globalité mémorielle à revenir de l’itinérance en lisant par exemple le livre de Laurent Joly. Il eut été tentant enfin de revenir sur les prix littéraires de cette semaine. Ou pas. Ernest a dit déjà tout le bien qu’il pensait du prix Goncourt, dès le 24 août dernier, enjoignant même les jurés à lire ce très beau livre que constitue “Leurs enfants après eux“ de Nicolas Mathieu. De même, dès le mois d’avril Ernest expliquait en quoi le livre de Philippe Lançon – couronné du Prix Femina- était un livre indispensable. Au-delà de tous les prix littéraires.
Prendre les chemins de traverses
Au fond, en ce 11 novembre, alors que nous célébrons les poilus de la Grande Guerre quelque jours avant de commémorer le troisième anniversaire des attentats de Paris, il était encore plus tentant de prendre le contre-pied. De prendre les chemins de traverse. Ceux des poètes, des saltimbanques, des artistes en tous genres. Ces chemins qui nous permettent de sortir de la bouillie de l’actualité pour la regarder de plus haut et surtout de s’en protéger – un peu – pour mieux l’appréhender et l’analyser. Sur ces chemins de traverse du dimanche 11 novembre 2018, nous serions ainsi tentés de rencontrer d’abord les cordes cosmiques du violoniste Philip Glass dans son deuxième mouvement du concerto pour violon. Cela pour honorer les mémoires. Puis nous pourrions après quelques vagabondages plonger dans les lignes douces des mots de Milan Kundera nous invitant à replonger en enfance dans le “livre du rire et de l’oubli“. “Les enfants sont sans passé et c’est tout le mystère de l’innocence magique de leur sourire”, écrit l’auteur franco-tchèque. Enfin, peut-être échouerions nous pour terminer sur les vers forts et puissants de la poétesse Cécile Coulon. Un poème, tout en force et en souplesse, justement.
“Ma force c’est d’avoir enfoncé mon poing sanglant
dans la gorge du passé
Ma force n’a pas d’ailes
Ni de griffes
Ni de longues pattes
Ma force a construit un peu d’humanité (…)
Ma force a toujours soif
Ma force est fragile
Ma force ne demande rien
Ma force a toujours faim
Ma force a toujours froid”
Bon dimanche et bonnes lectures.
Tous les éditos d’Ernest sont là.