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La valise-jardin de Jérémie Peltier

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Comme il aime le pas de côté, Jérémie Peltier nous livre un conseil de lecture estival en forme de décalage. Une valise-jardin comme on aime. Et ça décoiffe !

M02213716900 Large« Dans mon jardin il y a une fleur qui s’appelle BISCARABIS CARABOS SOLDAT ! Si tu n’arrives pas à le répéter tu seras éliminée…BISCARABIS CARABOS SOLDAT ! ». Celles et ceux d’entre vous qui ont fréquenté les centres aérés ou les colonies de vacances durant leur enfance ou qui envoient leurs gamins là-bas ont sans doute déjà entendu cette petite chanson toute mignonne, qui nous rappelle la fin du travail, l’été, le soleil, les jeux de plein air et les scoubidous faits avec l’aide des animateurs boutonneux.

Dans mon jardin pour cet été (et dans ma valise donc), il y a aussi une fleur. Elle ne s’appelle pas BISCARABIS CARABOS SOLDAT (nom trop compliqué pour une période de repos) mais TULIPE. Ou plutôt, on croit que c’est une tulipe alors que ce n’en est pas une. Je vous explique. Dans mon jardin-valise (ces deux mots allant parfaitement ensemble, tant la valise est notre jardin secret – facile, je suis d’accord), c’est le livre de Yves Michaud que j’emmène, Ceci n’est pas une tulipe. Art, luxe et enlaidissement des villes [1].

Je l’emmène, d’abord car c’est un petit livre de 117 pages, qui ne pèsera pas lourd dans votre jardin-valise. Ensuite et surtout, car le philosophe et critique d’art qu’est Michaud vous donnera des arguments pour accepter plus facilement les sorties touristiques inutiles où certains de vos amis voudront vous traîner durant les vacances. Par sorties touristiques, on entend les visites de tous ces lieux qui regorgent d’objets d’art contemporains qui enlaidissent nos villes chaque jour qui passe, sans que personne ne semble s’en offusquer plus que de raison.

Pour critiquer cette « touristification culturelle » et « l’emprise des industries de luxe dans la privatisation de l’espace urbain », Michaud nous raconte comment la sculpture Bouquet of Tulips de Jeff Koons a été imposée à la France sans qu’on puisse y dire grand-chose. Il nous montre à quel point, à travers cet exemple aussi révélateur qu’inquiétant, comment le luxe et l’argent enlaidissent la ville pour se faire plaisir et s’amuser un peu. Et Michaud s’interroge : « A-t-on pensé à la beauté ? Comment faut-il le comprendre ? Quel impact cela a-t-il sur ce qui est autour ? ».

Grâce à Michaud, vous trouverez un intérêt à aller visiter expos contemporaines et œuvres d’art à la mode dans telle ou telle ville de France, d’Europe ou du monde, car il vous donnera les clefs pour comprendre ce grand foutage de gueule illustré par Koons et ces « Culipes, incroyablement banales et vulgaires, imposées par un club mondain de financiers, de collectionneurs et d’édiles ».

[1] Yves Michaud, Ceci n’est pas une tulipe. Art, luxe et enlaidissement des villes, Fayard, 2020

Les autres conseils de l’été sont là.

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