Ada est une femme libre, romancière et mère célibataire, dont l’inconstance amoureuse a fini par lui laisser un goût amer. Après avoir décidé depuis un an de ne plus se laisser dominer par sa libido, elle part en vacances avec son fils de dix ans, Nino, sur une île au large de Naples. Sur le bateau qui les transporte vers leur paradis italien, le soleil et les embruns de la mer Tyrrhénienne réveillent le corps d’Ada, mis en sommeil par des mois de travail abrutissant et d’abstinence. Elle y remarque bientôt la présence d’une jeune fille rousse de vingt ans à la beauté renversante. Eva se révèle être la nièce d’autres résidents de la pension de famille où Ada et Nino séjournent. L’attirance entre les deux femmes est immédiate.
Des traces rouges
Le livre pourrait avoir tout du roman de série B érotico-poétique, il n’en est rien. C’est un livre doux et puissant sur ce que signifie l’attirance, sur l’improbabilité des rencontres, sur la perversité, sur la perte, sur les compromissions aussi. Adeline Fleury est une orfèvre de la langue (Nous vous avons souvent parlé d’elle ici). Ses mots sont ciselés, incisifs et touchent juste. Que ce soit pour plonger le lecteur à Procida, pour le faire osciller entre la charge érotique et le suspense pesant, ou que ce soit aussi pour mêler Eros et Thanatos dans une danse frénétique. Au moment de refermer l’ouvrage, le lecteur est sonné. Il se demande ce qu’il vient de lire. Il en garde une trace. Rouge. Comme le sang. Comme la passion. Comme le meurtre. Un livre puissant et déroutant. Un livre qu’il faut lire.
Adeline Fleury, “Les frénétiques”, Julliard
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