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Puissance de la douceur

Marianne

France, si je t’écris aujourd’hui, c’est parce que ce que je vois, de là où je suis dans un futur proche, me conduit à t’alerter.
A t’observer et à t’aimer, je sais la richesse que tu portes en toi. Je sais la force et la vigueur de tes citoyens, leur envie de penser l’avenir, leur capacité à s’engager dans les associations, leur sens de la colère mû par la haute idée qu’ils ont de leur pays et de ce qui doit advenir dans celui-ci. Je sais aussi, ses errements. Sa fatigue puissante. Ses divisions qui semblent abyssales. Ses citoyens qui sont en train de quitter ce qui nous lie. Par leur faute et par celle aussi de celles et ceux qui ont présidé à ta destinée.
Je sais, France, que monte en toi une profonde envie d’en découdre et donc, de faire appel à celles et ceux qui te promettent de l’ordre, de la sécurité, du blanc et du noir, de la pureté des origines ou que sais-je encore. En toi, France, je sens cette possibilité d’un saut dans le versant de la trique. Parce que quand ça ne va pas, il faut de l’ordre.
Cela peut arriver, France. Mais franchement pas à toi, France. Pas à toi dont le drapeau, les valeurs, le message universel parle encore aux quatre coins du monde. France, tu es un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer a dit un jour l’un de tes poètes avec l’un des fameux aphorismes dont la langue de Molière sait se parer. France, je te le dis, de là où je suis, tu n’as pas le droit de te parer de ta fatigue – compréhensible – pour lui trouver la solution du saut d’eau, voire du saut d’huile dans la figure. Ce n’est pas d’un électrochoc dont tu as besoin, France. Mais de douceur.

“Tous les hommes ont une douceur dans la vie. Cela les aide à continuer. C’est vers elle qu’ils se retournent quand ils se sentent trop usés”, écrivait dans Caligula, Albert Camus. C’est vers elle que tu dois te tourner. Vers cette douceur qui est une puissance.  France, ce dimanche, tourne toi vers la beauté. Vers ce qui nous unit. Puisse ces quelques mots tracés sous forme de carte postale te rappeler que nos libertés sont fragiles, qu’il convient de les préserver toujours. Et que nous sommes partie d’un tout. Se souvenir de Gary qui dans l’un de ses premiers livres “Le grand vestiaire” pensait déjà l’amour de l’humanité comme une promesse de l’aube. “Au fond, vous savez, nous ne sommes pas si loin les uns des autres. Nous sommes tous frères, hein… Et si on commence à creuser les différences, on reste seul dans la vie et ce n’est pas drôle.” 

Chère France, il est temps de terminer cette carte postale. Puissent ces quelques mots te rappeler ce que nous sommes.

Bon dimanche,

Ta Marianne qui a encore besoin de cet idéal commun.

L’édito paraît le dimanche dans l’Ernestine, notre lettre inspirante (inscrivez-vous c’est gratuit) et le lundi sur le site (abonnez-vous pour soutenir notre démarche)

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