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Olivier Guez : “L’Europe doit faire vibrer les peuples”

O.GUEZ©JF PAGA

Entretien avec Olivier Guez, prix Renaudot pour "La disparition de Joseph Mengele" (nous en parlions ici) qui a dirigé l'ouvrage collectif "Le Grand Tour" (Grasset) rassemblant 27 écrivains, un par état membre de l'Union européenne. Cette anthologie cosmopolite constitue un autoportrait de l'Europe, des lieux évocateurs de sa culture et de son histoire, une carte émouvante de l'esprit du "Vieux Continent".

On a prêté à Jean Monnet, pionnier de l'Union européenne, cette phrase : " Si c'était à refaire, je commencerais par la culture "...

Olivier Guez : Cette citation, qu'en effet il n'a jamais prononcée, était, de toutes façons, inapplicable à l'époque. Au début des années cinquante, au lendemain de la guerre de 1939-45 et de la Shoah, l'approche se devait d'être pragmatique, réaliste, notamment au niveau économique, et cela n'aurait pas eu de sens de commencer par la culture.

A partir de quel moment de la construction européenne ce déficit culturel s'est-il fait sentir ?

Olivier Guez : Là où on a commis une immense erreur c'est au lendemain de la chute du Mur de Berlin. On aurait dû alors bâtir ce pilier culturel. Les retrouvailles entre Est et Ouest se seraient bien mieux passées mais on a loupé le coche. Il aurait fallu développer aussitôt ce sentiment d'appartenance à une culture européenne commune. Les critères de Copenhague (liste des conditions définies, en 1993, aux pays souhaitant rejoindre l'Union européenne) c'est bien mais c'est insuffisant. Il aurait fallu que la culture européenne figure au sein des institutions ; que l'héritage européen soit présent au sein de la Constitution. Ce qui coince aujourd'hui c'est ça, ce manque.