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Nos solitudes

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Il y a quelques années, deux ans exactement, Yannick Haenel livrait un livre superbe intitulé “La solitude Caravage” (nous en parlions avec gourmandise ici). Dedans, au-delà de la recherche du personnage du Caravage, Haenel emmenait le lecteur avec lui dans une mélopée à la recherche de la beauté. “Est-ce que nous répondons vraiment à la parole ? Est-ce que nous vivons selon la vérité ? La peinture du Caravage mène à ce point où il n’est plus possible de se mentir. C’est un point où l’on est enfin vivant, où la source existe infiniment et à chaque instant. Où plus rien ne nous sépare du temps. Où celui-ci se donne à nous, et où nous nous donnons à lui. La peinture et la littérature existent là”, écrivait alors l’auteur. Entre-temps, alors qu’il est chroniqueur à Charlie Hebdo, il a été sollicité par Riss, le directeur du journal pour écrire les compte-rendus du procès des attentats de janvier 2015, à Charlie, à l’Hyper Cacher et à Montrouge. Il en a tiré des articles superbes dans Charlie qui furent illustrés par Boucq et qui ont été édités par Les Echappés.

Une solitude collective

Le livre qui paraît ces jours-ci est différent. Il raconte comment l’écrivain Haenel a vécu ces moments de procès. Comment il a tenté de choisir les mots les plus justes. Comment cela fut difficile, et complexe. Comment dire l’horreur ? Comment relater ce qui n’aurait jamais dû avoir lieu ? Comment “faire un monument” ainsi que l’avait demandé Riss de ces actes de procès ? Toutes ces questions hantaient Haenel chaque jour qu’il se rendait au Palais de justice. Il les raconte avec gravité, humour et profondeur dans ce nouveau livre qu’il vient de publier et qui s’intitule comme un écho à Caravage “Notre solitude”. Car ces deux livres sont liés. Profondément. Dans “La solitude Caravage”, Haenel racontait comment l’art était une ouverture et un outil de la mise en mouvement des individus.

Dans “Notre solitude”, Haenel raconte comment l’art est aussi une consolation, comment la recherche des mots justes pour dire quelque chose à l’être aimé, à un ami ou alors au plus grand nombre au sujet d’une tragédie est en même temps une solitude et une transmission. Car c’est bien de cela qu’il s’agit dans ce livre. Quel langage partageons-nous ? Comment donner de la lumière grâce aux mots ? Comment transmettre ? Comment dire justement son message ? Ici, c’est un message essentiel, indispensable et universel que Haenel devait transmettre, mais dans ce livre superbe, il y a une interrogation pour tous. Que dire et comment le dire ? Et cela, c’est tout un art. Yannick Haenel, vous n’êtes plus seul.

“Notre solitude”, Y.Haenel, Les Echappés. 18,50 euros. 

Tous les livres du vendredi sont là.

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