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Lubricité assumée et revendiquée

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Ce mois-ci, alors que la fraîcheur automnale commence à poindre, Virginie Bégaudeau nous réchauffe d’une lubricité assumée, revendiquée et magnifiée. Une sélection virevoltante !

Tokyo Confidential- Kaoru Haduki, Hideo Kasuya

 

Tokyo ConfidentialEnfin ! Le chef d’œuvre de Haduki Kaoru est traduit en langue française ! Il était temps ! Je l’attendais avec impatience sans y croire réellement. Je prends mon billet pour un aller dans le Japon du XIXe siècle aux côtés du fils de Magoroku Sugi, jeune époux de la sublime Kazu, qui décède subitement. De prime abord, je m’attends à un thriller érotique, je suis en prête à plonger dans les fantasmes nippons les plus fous dont ils ont le secret.
Même si le postulat de départ est convenu, Magoroku, le vieux patriarche puissant, s’unit avec sa belle-fille et reprend sa place de chef de clan qu’il venait d’abandonner. Jusqu’ici je suis conquise. Le trait. Le texte. La promesse d’un moment d’extase surtout. J’ai la sensation de flirter avec ce couple atypique que presque cinquante ans séparent l’un de l’autre.

Un bijou puissamment excitant

Une rêverie d’adolescence, certainement. Je m’installe donc à Edo avec eux et m’intègre, au prix d’une lubricité hors pair, dans cette société où les débauchés sont légion. Je suis cet apprentissage obscène, la main dans celle de Kazu, telle une amie de jeunesse, un pied dans le lit conjugal. Il y a l’atmosphère pesante d’une époque révolue et tant aimée, il y la candeur feinte et le plaisir de la soumission. Shibaru, échangisme, triolisme…Tout explose en sensualité.
Mais à mesure que Kazu se magnifie sous les mains de son vieil époux jouisseur, je chancelle d’un orgasme puissant. Je jalouse l’harmonie qui s’installe entre eux ces éperdus de luxure. Et d’amour.

Un petit bijou qui mêle époque et excitation.

Adulte Air – Rita Perse

Adulte Air« Le problème des histoires sans lendemain, c’est qu’elles durent une éternité ».
Je crois que c’est l’une des plus belles phrases de romans érotiques que j’ai lues. Elle m’a mise en appétit. Elle m’a mise en émoi. La genèse de ce texte est une histoire à elle-seule. Né du compte Instagram du même nom, ce livre fait la promesse de raconter les joies et les peines d’une femme confrontée à une passion indicible…Une situation somme toute ordinaire aujourd’hui. Mais le potentiel érotique des mots est là. Je le distingue dès les premières pages. Volontairement, je n’ai pas voulu parcourir les milliers de phrases publiées sur le réseau, car ce roman en raconte beaucoup d’autres.

J’en ressors chancelante

Dans ce tourbillon au goût d’adultère, il y a la frustration et la colère. Mais tant de folie dans l’abandon du corps, de la passion et de l’union des êtres. Je suis bouleversée, excitée, prête à me perdre, à mon tour, dans cette aventure, sinon unique, précieuse. Sans filtre, sans concession, Rita m’offre tout. Les caresses et les mensonges, la peau qui frémit au passage d’une main tendre, des lèvres ouvertes pour un baiser ravageur. L’érotisme a flotté du début à la fin. Il a tourné en boucle et résonné dans mon corps frissonnant de plaisir.
J’ai voulu être cette maîtresse incomprise que le remords n’effleure pas. Evidemment, dans la passion, il n’y a pas de trahison. J’ai été happée par la volupté de corps ordinaires, de gens qui tombent amoureux au milieu d’un lit ou à travers un écran. Conquise et émue.
Une expérience pornographique immanquable que je rêve de rencontrer…Une nuit. Pour ne jamais oublier, que tout est possible dans le désir. Il est plus fort que tout. Il est plus fort que moi. Il est plus fort que les mots que Rita n’a pas écrits mais qui se sont invités dans mes soupirs et mes extases.

Mauvaises filles, Nicole, Erdosain

MauvaisesfillesLa bande-dessinée masturbatoire a plusieurs niveaux de lectures. Le premier où l’excitation prône sur tout et où la conclusion de l’histoire est l’orgasme, facile, rapide, voire clandestin. Le second où l’analyse du texte et le message transmis apporte une valeur ajoutée à cette jouissance presque coupable.
Avec « Mauvaises filles », c’est exactement ce que j’ai ressenti. Adultère, orgies, amours lesbiennes entre copines, des personnages caricaturaux totalement obsédés qui ont réussi à me surprendre. Avec eux, je me suis autorisée une pause lubrique. Très lubrique. Une pause qui a révélé un instinct purement animal et des fantasmes primaires, j’en conviens. Une parenthèse où je ne suis plus seulement lectrice, encore moins spectatrice, mais actrice d’un scénario ficelé d’avance qui a l’originalité de s’agrémenter au fil du temps.

Un plaisir d’une lubricité folle

Un entre deux. Une fin de soirée ou un début de nuit. Un boost de motivation pornographique salvateur. Nicole et Erdosain m’ont dévoilé les courbes de jeunes femmes, respectables au premier abord, qui se découvrent avides de sexe et de stupre. Je reconnais un caractère répétitif des épisodes, attendus, même, mais le dessin est beau. Les silhouettes manquent de faire exploser une libido au creux du ventre.
La recette est bonne. Elle fonctionne terriblement. Un manque de sexe ou une envie incontrôlable, cette bande-dessinée à deux mains comblent les deux. Je suis toujours admirative des auteurs capables de me transporter dans un univers connu et pourtant jamais exploré.
L’ambivalence de la pornographie me fascine, clairement et je suis prête à lire, sans secret, les « Mauvaises filles » pour égayer un après-midi d’automne pluvieux.

Tous les petits cochons de Virginie Bégaudeau sont là.

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