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Joyaux lubriques

Jeferson Gomes AjSoMTQdDu8 Unsplash

C’est la rentrée et Virginie Bégaudeau a déniché pour vous trois petits joyaux lubriques qui vont vous faire passer des nuits blanches !

Les sœurs à l’envers et autres textes – Pierre Louÿs

Les Soeurs A L Envers De Pierre Louys 1429147129 MLUn bordel. Des fantasmes. Des textes de Loüys. Rien de mieux pour commencer la rentrée. Je découvre et redécouvre la plume de ce pornographe qui m’a conquise depuis si longtemps. Je visite les tréfonds de l’érotisme au travers des personnages aussi caricaturaux que caustiques. La sensualité n’est pas de la partie. Par ici, c’est le sexe à l’état pur. Cru. Sans limite. La multitude des scènes défilent à vitesse folle. Je dois suivre le rythme, me tremper dans ces pratiques jouissives et immorales. Je suis n’importe qui. La putain la sœur, le maître des lieux.

En un volume, je suis caméléon du cul, aussi excitée par les orgies échevelées au sein des familles populaires que par le tribadisme entre deux amies. C’est l’écume du stupre. Le flot de l’extase, donc qui m’emporte. Qu’importe l’histoire dont je deviens l’héroïne, l’effet reste le même : la luxure à son paroxysme.

Le verbe est délicieux

Le verbe est délicieux, cru. Il me fait jouir malgré l’habitude du genre. Je savoure aussi les retrouvailles d’une littérature subversive et oubliée. Aujourd’hui, je me régale d’inédits tels que La femme et le Pantin. Du jamais lu. Du jamais vécu. C’est un tourbillon de plaisir qui aura raison de toutes les chastetés. Pas seulement masturbatoire, l’œuvre féconde de Louÿs est un classique de la pornographie qui me pénètre. Me transforme en toutes ces créatures libidineuses qui subissent ou qui dominent. J’ai un penchant particulier pour les ébats de bordel. L’orgasme va de pair avec la cupidité.

D’une évidence et d’une richesse incroyable, les mots de Pierre Louÿs m’ont gardé éveillée quelques nuits sans regrets.

 L’éducation d’une demi vierge – Anonyme

DemiAh, les jeunes filles en fleurs qui se dépucèlent entre elles ! Un classique dont je ne me lasse jamais. La nostalgie, le fantasme, de l’avoir été un jour et l’idée de la redevenir avec un champ des possibles érotiques merveilleux, m’ont fait succomber à ce roman anonyme du XXème siècle.

L’anonymat, d’ailleurs, est aussi un gage de plaisir. J’ai l’impression d’avoir écrit ces mots, un journal abandonné après un orgasme inattendu ou une jouissance désinvolte. C’est une course jusqu’à l’épuisement qui m’attend. Je suis la jeune novice délurée qui partage une chambrée de filles lubriques et perverses. Le décor est planté, je n’ai aucun mal à m’y plonger. A peine ai-je entamé quelques pages que le plaisir est là, prêt à exploser. Le Paris de 1900.

Nous sommes tous et toutes des demi-vierges

La demi-vierge, c’est moi, c’est nous. Un corps sublime qui ne demande qu’à être touché, caressé, pénétré par une ribambelle de jeunes perverses. L’imagination est fertile, l’excitation simple et efficace. Et de savoir que ce texte est considéré comme de la littérature clandestine m’y incite d’autant plus. Je suis dans ce pensionnat, je vis chaque fragment des initiations, les provoque aussi et les regarde. Je suis maîtresse de mon éducation sexuelle. La sensualité se dégage des jupes soulevées pour se connaître, des sexes trempés, justement, et des baisers fougueux.

Entre soupirs et gémissements, entre apprentissage et transmission, j’ai le souffle coupé d’avoir partagé la couche de toutes mes nouvelles amies, de les avoir laissé envahir la mienne, surtout.

Un joyau lubrique.

Madame – Hopper

Madame+hopperLa femme du monde abandonnée par son mari. Simple. Efficace. Porno à souhait. C’est ce que Hopper m’a mis entre les mains, un soir d’été brumeux. Lorsque Madame devient une maîtresse sadomasochiste, j’ai peur que le cliché voile mon plaisir. Mais non. Il est efficace tant il est exécuté avec talent.

Le coup de crayon des années 90 me charme et m’invite. Je suis prête à retourner au siècle dernier où les femmes étaient encore des créatures lubriques aux seins monstrueux et aux fantasmes d’hommes virils. J’accepte. J’ai envie de jouer avec eux pour quelques heures. Directement issue d’un vieux comics de grenier ou d’un play-boy désuet. Les joues rouges d’excitation, je ne résiste pas à cette lecture coquine nocturne.

Plaisir rapide et puissant

Alors avec Madame, je revêts le cuir et les talons. J’emporte mes martinets et mes appareils de torture pour accueillir de riches clients. C’est sans compter sa fille de seize ans, l’âge idéal des récits érotiques, qui la surprend et se laisse initier à son tour. Mère et fille s’exercent dans cette œuvre perverse absolument électrique. Les corps vibrent sous la jouissance, la douleur éclate sous le trait de l’auteur. Tout est expressif et communicatif. Je sens perler le sperme sur les énormes engins des personnages, je sens la salive sur chaque parcelle de ma peau frissonnante. J’y suis, je ne veux plus en sortir.

Une série mythique devenue rétro et d’autant plus excitante qu’elle s’adresse à un public averti et pressé. Derrière les comptoirs, le plaisir est rapide, mais Hopper a le mérite d’exciter les moins amateurs d’entre nous.

Tous les “Petits cochons” de Virginie Bégaudeau sont là.

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