Pour pimenter la fin de ce reconfinement, Virginie Bégaudeau a choisi pour vous des BD et un roman érotique puissant. Jouissance d’automne assurée.
Le petit derrière de l’histoire- Katia Even
L’Histoire. Le cul. Deux grandes passions que j’aime retrouver dans un même ouvrage. Avec « Le petit derrière de l’histoire », j’ai tout un panel de fantasmes qui s’ouvrent devant moi comme l’héroïne ouvre ses cuisses aux plus grands noms de notre monde. Derrière chaque grand homme, il y a une femme, selon l’adage. Ici, j’aurais tendance à imaginer que ces grands hommes sont derrière Marie, l’héroïne de cette bande-dessinée, bien loin de changer le cours de l’Histoire.
Une machine à remonter le temps pour revisitez les dates qui ont marqué une époque, en passant par l’oreiller et les corps qui jouissent, l’idée est bonne, et même piquante. J’ai sincèrement été séduite par ce jeu de rôle, immersif, qui a couplé nostalgie, fantasme de l’ancien temps et pouvoir. Oui, en devenant Marie, j’ai eu l’impression de compter pour les contemporains rencontrés, d’influer sur les décisions des souverains d’avant.
L’histoire en jouissant
Mais pas seulement. J’ai découvert d’autres pratiques sexuelles, entre une paillasse dans une caverne préhistorique et un lit royal, j’ai eu la sensation d’explorer à la fois mon désir et mes connaissances historiques. Je me suis revigorée à chaque caresse, à chaque partie de sexe. Ces jeux m’ont attisée, excitée. Ils sont la réponse à des soirées moroses et des envies de renouveau.
Le dessin est très moderne, un brin trop rond et facile, mais il y a une douceur qui rend le sujet frivole et à permet à tous d’avoir une part de légende. Entre un baiser indécent et un cri de plaisir, j’ai cru apercevoir Stéphane Bern venu rectifier le tir.
Clairement, cette bande-dessinée à destination des amateurs mais également des néophytes qui auraient besoin, entre humour et sexe, de plonger dans un cours d’histoire beaucoup plus grivois que ceux dispensés sur les bancs de l’école.
Château rouge- Watanabe Junichi
Quelle belle surprise de plonger dans un roman érotique japonais ! C’est avec un réel enthousiasme que j’ai ouvert ce roman, assurée d’y trouver pornographie et littérature. Je n’ai pas été déçue, et mon corps frissonnant de plaisir, non plus.
Dans « Château rouge », j’ai suivi Katsuhiko, un talentueux chirurgien que rien ne prédestinait à un l’être, dans ses méandres conjugaux. Sa sublime et arrogante riche épouse, Tsukiko, se refuse à lui. Alors le désir de Katsuhiko surplombe sa patience et il décide de la confier à un groupuscule d’aristocrates parisiens dans une forteresse isolée en bord de Loire.
D’un érotisme réjouissant
Il est question de trafic sexuel, de monétiser la belle pour des services libertins. Mieux, c’est un dressage de sensualité pour qu’elle devienne une épouse parfaite que tous les hommes envieront. J’ai hésité à choisir mon camp. La dresseuse ou la dressée. Tour à tour, j’ai joué de mon savoir et de ma pureté pour recevoir les sévices et les administrer. Comme l’écriture de Watanabe, j’ai été balancée entre l’érotisme pur et la peur. J’ai adoré jouir par surprise, découvrant des plaisirs insoupçonnés jusqu’alors, prenant part intégrante à la formation de Tsukiko, accompagnant le prodigieux chirurgien dans ses introspections et sa morale.
J’ai nettement senti l’envie et la fureur dans les mots de Watanabe. Cette réelle ambivalence qui ne m’a jamais laissé sur ma faim, qui a toujours suscité l’excitation, la poussant à son paroxysme et libérant un orgasme immoral.
Un roman de grande ampleur que je recommande aux initiés.
La jeune mariée- Pizzardi Remo
Le fantasme de la jeune épouse, comme le titre légèrement cliché le suggère, est ancré chez la majorité d’entre nous. Qui n’a jamais rêvé d’être cette fille que l’on mène à l’autel pour devenir femme ? Quels rêves avons-nous eus au sujet de la nuit de noces ? Un mélange d’excitation, d’appréhension et une recherche d’un plaisir parfois illusoire. Tout ce qui se passe dans la chambre conjugale est vecteur de la plus folle imagination.
“Vous pouvez débaucher la mariée”
Mais dans cette bande-dessinée, somme toute classique, l’auteur dépeint un autre côté du mariage : l’ennui et l’infidélité. Je me suis mise à la place de la belle épousée délaissée par un mari passionné de tout sauf de sa conquête. Il n’y a que l’ufologie qui compte, une réelle appétence pour les extraterrestres qu’il se surprend à envisager comme de potentiels partenaires. Même si la scène m’intrigue et me tente, je préfère me ranger dans les jupes de Madame qui, poussée par le besoin de jouir, se retrouve dans le lit d’hommes bien plus expérimentés. Et j’ai le plaisir de le découvrir à mesure qu’elle profite de caresses, de pratiques inexplorées jusqu’ici, pour savourer mes propres pulsions. Libidineuses à n’en pas douter.
Et si l’adultère est un vecteur d’excitation supplémentaire, celui-ci est traité d’une manière anecdotique, normalisé par l’instinct sauvage de la belle mariée. J’ai adoré l’idée qu’être cocu ne soit pas une raison pour cesser la jouissance. Après tout la déception du mariage est un excellent facteur de libertinage. Je me suis sentie libérée, sans jugement, de crier d’extase dans des draps qui n’étaient pas ceux dans lesquels je devais dormir le soir, en attendant sagement le retour d’un mari absent. Et ce, même si j’avais la chance de pouvoir explorer une intimité négligée avant que d’autres la dévorent. En les attendant de tout mon corps.
« La jeune mariée » n’est pas un chef d’œuvre de la BD pornographique, mais elle a le mérite d’être honnête, crue et bien menée. De quoi assouvir une ardeur de dernière minute.