Cette semaine, Frédéric Potier a lu un petit essai réjouissant, intelligent et, disons-le, utile. Il est signé Pascal Canfin député européen, écologiste, ancien ministre, et permet de mieux savoir comment faire valoir ses droits en matière d’écologie.
Chères ernestiennes, chers ernestiens,
Les personnalités politiques nous offrent régulièrement à découvrir deux types d’ouvrages : le premier pourrait se résumer dans l’expression « livre-programme » et vise à éclairer les électeurs sur la vision du monde ou de la France des candidats à quelques mois des élections. Je n’aime pas ces textes qui sont souvent bâclés par des plumes (on ne dit plus « nègre ») pressées de rendre à leurs patrons politiques les 160 pages réglementaires qui justifieront un passage à la radio ou à la TV. Le second type d’ouvrages, bien connus, sont les mémoires d’hommes et de femmes d’État qui livrent aux lecteurs les coulisses et les secrets de leurs années au cœur du pouvoir. Étrangement, cet exercice de style pro-domo rencontre un vif succès que l’on songe aux mémoires de Nicolas Sarkozy, de François Hollande et plus récemment à celles de Barack Obama (carton planétaire pour « Une terre promise » sorti en France chez Fayard fin 2020). Mais n’est pas De Gaulle qui veut, et peu (voire aucun de ces titres) ne finiront par côtoyer les « Mémoires de Guerre » du grand Charles au rayon des Pléiades.
Plus modestement qu’une sortie Pléiade (qui ressemble toujours un peu à une entrée au Panthéon), cette chronique a le plaisir de vous annoncer la création d’un nouveau genre : le guide pratique. On doit cette bonne idée à Pascal Canfin, député européen et président de la commission environnement au Parlement européen.
Pour 4€, Pascal Canfin nous permet grâce à un micro-livre de la collection « À savoir » de Dalloz, de tout savoir sur la façon de faire valoir ses droits en matière d’écologie. L’auteur donne ainsi au lecteur engagé (si ce n’est coupable) l’opportunité d’agir très concrètement à son niveau.
L’architecture de l’ouvrage en atteste, puisqu’elle est organisée en fonction de questions très concrètes :
– comment avoir des produits bio à la cantine de mes enfants ?
– comment faire respecter l’obligation d’un repas végétarien par semaine ?
– de quelles aides dispose-t-on pour acheter un vélo ou une voiture électrique ?
– comment isoler ma maison ?
A noter que ce guide ne s’adresse pas seulement aux citoyens, il propose également d’agir au niveau des entreprises (sur la protection des lanceurs d’alerte, sur le verdissement de l’épargne) et des collectivités locales (gestion des déchets, développement de l’éolien).
Le droit de l’environnement est une arme
Le droit de l’environnement a beau être un peu complexe, il n’est pas impraticable et surtout il peut constituer une arme redoutable pour des citoyens bien décidés.
J’avoue avoir été très convaincu non seulement par la démarche mais aussi par le discours mesuré, pragmatique et non-idéologique de Canfin. Car «si on veut vraiment faire quelque chose pour le climat », et non pas se contenter de liker les images de forêts amazoniennes sur Instagram, il va falloir se bouger un peu plus que ça. Pour ma part, à défaut d’aimer le vélo et d’avoir la main verte, j’ai choisi de travailler pour un grand groupe de transport public (#àdemain pour les parisiens).
Moins médiatique que Nicolas Hulot, moins excessif qu’Alice Coffin (fastoche) et moins jovial que Noël Mamère (dont Guillaume Gonin vous a fait découvrir la savoureuse bibliothèque ici), mais plus accessible que Jacques Ellul, Pascal Canfin donne dans ce petit opuscule la preuve que l’écologie est aussi une forme d’action raisonnée accessible à tous ou pour paraphraser Pierre Bourdieu « un sport de combat ». Bref, une petite pierre utile à l’édifice.
Bonne semaine !
PS : Pour être transparent et éviter toute suspicion de connivence, j’informe nos lecteurs que mon vieil ami Julien Mayer (coucou Juju) conseille M. Canfin sur sa communication. En dépit de ce lien d’amitié très fort, ce petit ouvrage à 4€ ne m’a pas été offert et c’est tant mieux ! C’est dit !
Tous les essais transformés de Frédéric Potier sont par ici.