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L’enfance d’un chef

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Quand un chiraquien publie une biographie passionnante de Léon Blum, Frédéric Potier est aux anges. Il nous raconte pourquoi.

Spin-off. S’il lit cette chronique, j’espère que Frédéric Salat-Baroux me pardonnera cet anglicisme qui s’épanouit dans l’air du temps. Le terme Spin-off ou « histoire dérivée » en bon Français, s’utilise pour décrire des films ou séries dont l’histoire se déroule en marge ou avant la trame principale de la saga. Ces dernières années, les spin-off de Star Wars ont ainsi par exemple proliféré sous forme de films (Rogue One) ou de série (Mandolorian). La littérature pour jeunes s’est aussi emparé du procédé avec succès comme l’atteste « La jeunesse de Sherlock Holmes », best-seller mondial de Shane Peacock.

Dans le même esprit, Frédéric Salat-Baroux a eu la très bonne idée de nous emmener sur les traces de Léon Blum jeune dans « Blum le magnifique. Du juif de la belle époque au leader socialiste » (éditions de L’Observatoire). Le Léon Blum d’avant le congrès de Tours de 1920 et d’avant le Front Populaire de 1936. Le Léon Blum d’avant la cinquantaine que les photographies de l’époque immortalisent en vieux sage élancé dont le feutre ne parvient pas à masquer ni les yeux malicieux ni la moustache. Car il existe bien un mystère Blum que ni Jean Lacouture ni Pierre Birnbaum, pourtant tous deux grands historiens, n’ont complètement percé et auquel Salat-Baroux s’attaque : « Par quels détours le jeune homme délicat qui ne rêvait que de littérature, ami de Gide, proche de Proust, est-il devenu l’homme de fer du socialisme, celui qui s’est dressé face à la toute puissance de Lénine et qui assumera l’impensable exercice socialiste du pouvoir ? (...) Comment l’homme tranquille, membre du Conseil d’État et critique dramatique reconnu, mondain, un peu bobo dirait-on aujourd’hui s’est-il entre 1914 et 1920 métamorphosé en chef des socialistes tout en ne changeant pas ? ».