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Le scooter, c’est l’attrape-coeur

Rome Au Cinema Caro Diario

Le confinement touche presque à sa fin. Déjà avec Nanni Moretti, Houellebecq, Beigbeder, Dalida et Christophe, Jérémie Peltier fait pétarader sa Vespa. Son hypothèse : le scooter est et sera l’objet de notre liberté retrouvée. Rassurez-vous, en Vespa rutilante, Jérémie repassera par ici. Forcément.

Dernière semaine de préparation avant la reprise. Tout a une fin, c’est bien connu. Arrive donc le moment, mes chers amis, de mettre au point deux-trois choses pour gérer au mieux la liberté retrouvée et le début de notre deuxième vie (et oui, nous venons toutes et tous, Françaises, Français, de prendre conscience que nous n’en avions qu’une, la crise nous aura au moins permis cet éclair de lucidité).

Alors très bien, vous avez changé vos draps, votre housse de couette et vos taies d’oreiller, et vous avez conservé dans une petite boîte vos attestations de sortie pour les montrer plus tard à vos enfants. Bravo. Mais on s’en fout, tout cela n’a aucun intérêt.

Car le sujet central de notre deuxième vie sera notre gestion du temps.

Première résolution post-confinement : arrêter de gaspiller du temps

Et la première résolution qui doit être prise est celle d’arrêter de gaspiller du temps [1].ernestmag-nipple

Sachez par exemple que les femmes consacrent en moyenne, en temps cumulé, 136 jours de leur vie à se préparer. En effet, selon  une étude de la firme Skinbliss, se maquiller, prendre une douche et s’habiller leur occupe un total de 3 276 heures. Il est grand temps qu’elles rattrapent leur retard sur les hommes, qui, selon la même étude, consacrent à ces mêmes tâches un total de 46 jours seulement dans une vie. Voici donc, peut-être, le premier sujet d’une nouvelle marche post crise afin de mettre fin à une inégalité trop peu rappelée entre les femmes et les hommes. Nous savons déjà que 8 % des femmes ont décidé de ne plus porter de soutien-gorge pendant le confinement (et 20 % des 18-24 ans), contre 3 % avant le confinement [2]. C’est un bon début, plutôt encourageant. Il s’agira de voir si ce mouvement (appelé « No-Bra », lisez Marie-Claire pour en savoir plus ou écoutez ça) se développera à l’issue de la crise.

Notons que les hommes, malgré tout, peuvent aussi faire quelques progrès dans ce domaine : ils passent 3 000 heures de leur vie (soit 125 jours) à se raser, estime une enquête du Readers Digest. C’est beaucoup trop. Comme le dit Woody Allen dans Dieu, Shakespeare et moi [3] : « Celui qui ne périra ni par le fer ni par la famine périra par la peste, alors à quoi bon se raser ? ».

Sachez par ailleurs que nous passons 6 mois d’une vie dans les files d’attentes, soit trois jours par an, selon un sondage réalisé par le site de vente aux enchères madbid.com. C’est trop, beaucoup trop. Dans le contexte sanitaire qui sera le nôtre, il s’agira de faire cesser cela, car au rythme où l’on va, le temps passé à la queue leuleu ne sera plus de 6 mois mais de 6 ans.

Je vous propose aussi de rogner sur les 26 ans que nous passons à dormir durant notre vie (227 468 heures selon l’OCDE), car nous aurons clairement autre chose à faire en sortant, ainsi que sur les 8 minutes que nous passons chaque jour à râler, soit 5 mois dans une vie (selon un sondage réalisé par Hilary Stores). Une des solutions est de continuer à vous éloigner des cons, comme proposé dans la chronique du 1er avril, Entre parenthèses.

Deuxième résolution : rallonger certains moments

La deuxième résolution que nous devons prendre, par-dessus tout, c’est de rallonger certains temps de nos vies.

Tout cumulé, nous passons en moyenne seulement six minutes par jour à rigoler. Six minutes ! Alors que l’on sait, au-delà du fait que c’est le propre de l’homme, que c’est très bon pour la santé, et que le rire remplace les conneries que vous vous êtes mis à faire pendant le confinement : rire 100 fois serait l’équivalent selon les scientifiques de 10 minutes de rameur ou de 15 mn de vélo d’appartement [4]. Vous pouvez donc d’ores et déjà mettre en vente votre matos sur leboncoin et acheter un clown à la place, vous en aurez pour votre argent (certains ont déjà commencé à le faire, en témoignent toutes les annonces « Rameur » mises ce week-end sur le leboncoin.fr.)

Par ailleurs, la crise doit être l’occasion de réduire une autre inégalité entre les femmes et les hommes, celle du temps passé à jouir : une étude allemande a déterminé que l’orgasme d’un homme dure environ 12,4 secondes (cela revient donc à 9 heures et 18 secondes de temps orgasmique sur une vie), contre seulement 1,7 secondes pour les femmes (1h et 24 minutes sur l’ensemble d’une vie, la durée d’un match de football en somme). Cette situation n’est plus tolérable.

RetardLa troisième résolution enfin, sans doute la plus importante, est celle d’aller plus vite quand nous serons dehors. Car le retour à la liberté va signifier retour des montres à nos poignets, et donc retour d’un phénomène qui nous hante : le retard, sujet dont la philosophe Hélène L’Heuillet fait l’éloge dans son beau livre, Éloge du retard [5] :

« Je n’ai pas le temps. Combien de fois par jour prononçons nous cette phrase ? (…) L’expérience de la disparition du temps n’est pas seulement celle des bookés et des blindés, dont l’agenda est devenu illisible. Ceux qui s’ennuient ne sont pas mieux lotis. Ils n’ont plus de temps, tous acharnés qu’ils sont à tuer ce qu’il en reste ».

Dans cet essai, Hélène L’Heuillet dénonce cette nouvelle hantise qu’est le retard, la peur d’être à la bourre nous obligeant à tout anticiper en permanence. Elle milite contre ce qu’elle considère comme une névrose moderne, et appelle à se battre pour un droit au retard, qui serait une transgression proche de la guérison : « La seule souveraineté est désormais celle du retard. Le retard, en effet, nous met une couronne princière sur la tête (…). On est soudainement prince – sans l’être. On reprend sa vie en main (…). De celui qui est en retard on dit qu’il a pris son temps. Il a payé un peu de sa dette envers lui-même. L’art de différer a cessé d’être névrotique ».

Troisième résolution : adopter le scooter

C’est un effet une perspective alléchante, et nous pouvons partager cela, voire souhaiter cette nouvelle façon de considérer le retard à l’avenir. Mais dans le contexte dans lequel nous serons après le 11 mai, nous pouvons penser que la liberté entravée va entraîner le phénomène inverse : faire encore plus, plus vite et plus fort. C’est en tout cas ce que l’on peut souhaiter. Retrouver de la vitesse, un peu de rapidité et un peu d’intensité.

MorettiVespaJe tiens par exemple personnellement à rappeler, non pas avec un essai, mais avec une étude, que les Français attendent 27 jours en moyenne après la première rencontre avant de passer à l’acte. Le premier baiser ? 13 jours après la première rencontre, en moyenne [6]. Avons-nous besoin d’être encore plus en retard ? Je pose ça là, comme les gens disent sur Twitter.

L’enjeu, mes amis, sera au contraire d’aller plus vite. Car si nous sommes malades de quelque chose en ce moment, c’est bien de notre temps et de notre lenteur.

Comment aller plus vite ?

Pour répondre à cette question, il faudra tenir compte du contexte dans lequel nous serons. Tout le monde l’a compris, l’enfer, encore plus qu’avant, ça sera les autres. Dans un moment où l’intimité et la solitude vont devenir les conditions de notre survie, un certain nombre de dispositifs et d’inventions modernes sont mal-barrés : les open-space sont mal barrés, avec l’amour soudain pour le télétravail, sans parler du probable retour à la mode des bureaux fixes et individuels. Airbnb est mal barré, car plus personne ne voudra louer son lit à des inconnus. Et évidemment les transports en commun (métro, bus, etc) sont mal barrés, ainsi que BlaBlaCar et autres plateformes de co-voiturage. Et même si l’on peut penser à première vue au retour de la voiture individuelle dans ce contexte, le temps perdu dans les bouchons et les amendes pour stationnement gênant risquent fort d’en refroidir plus d’un.

Si je résume, donc : dans tout ce bazar, il faudra aller plus vite, et plus seul. Un outil peut tirer son épingle du jeu : le scooter.

Je vous vous arrête tout de suite. Ça ne signifie pas que nous n’aimons pas la nature. Pour reprendre ce que disait Frédéric Beigbeder dans l’une de ses chroniques, « Le cèdre du Jardin des Plantes », publiée dans La frivolité est une affaire sérieuse [7] (un vrai slogan de déconfinement) : « Certes mon scooter pollue l’atmosphère, mais je m’incline devant un vieil arbre parisien. Nous autres, citadins, avons besoin d’idolâtrer la nature. Parfois il est sein de se prosterner devant d’autres créatures que les participants à « Secret Story » ».

scooterCette question étant réglée, passons à l’essentiel. Pourquoi le scooter ? Le scooter vous sauvera de tout, car c’est l’essence même de la liberté, c’est l’esprit de votre adolescence qui revient à la vie, c’est une interruption volontaire de vieillesse comme dit Desproges [8], et c’est le vent et le souffle de l’Italie.

Le scooter représente tout ce que l’on on a perdu pendant le confinement. L’art de la flânerie, le hasard et le mouvement. « Ce fut le premier d’une très longue cohorte de véhicules à deux roues sur lesquels Philippe a vécu des moments parmi les plus heureux de sa vie. Combien de chansons, combien de paragraphes de livres, combien de pensées frivoles lui sont parvenus dans le vent qui fouette son visage, dans les rues de Paris, sur les routes de campagne en chevauchant joyeusement ces petites cylindrées pétaradantes, sous le soleil, sous la pluie, dans le chaud et le froid, la nuit, le jour ? Il faudrait être un titan littéraire comme James Joyce pour noter les bifurcations imprévisibles de l’imagination qui s’opéraient en lui au premier tour de roue. (…) Le phénomène de rêverie était décuplé, comme s’il était sous l’effet d’une drogue qui survoltait l’intellect. Il chantait à tue-tête, et parfois, au feu rouge, il captait des regards interloqués, mais protégé par son anonymat, il n’y prêtait aucune attention. (…) Sur sa machine, il était libre, personne ne savait où il était exactement, il était soulagé du regard pesant de l’humanité, et connaissait, sans en avoir conscience, une liberté qui s’apparente à l’expérience de certains mystiques », décrit avec brio Philippe Val, grand “scooteriste”, dans « Tu finiras clochard comme ton Zola »

C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles les librairies nous manquent tant (pour acheter des livres, certes, mais surtout pour flâner dans les rayons, les parcourir sans savoir quoi chercher). Flâner, tourner par hasard sans savoir où cela vous mène, vous arrêter comme bon vous semble sans être angoissé par un PV ou par la recherche d’une place : ces petits bonheurs de la vie, le scooter vous les offre sur un plateau. Et dans des villes encore à moitié confinée, vous allez pouvoir, au moins au début, vous prendre pour Nanni Moretti dans Journal intime, film sorti en 1994 où il se promène seul comme un prince sur sa Vespa dans des rues de Rome vidées par l’été :

« La chose que je préfère à toutes les autres, c’est voir des maisons, voir des quartiers. Me voilà en balade, au milieu des quartiers populaires. Avec ma Vespa, j’aime m’arrêter au bord de ces appartements terrasse où j’aimerais habiter ».

Sur votre scooter, vous serez seul avec vous-même. Seul avec soi-même, c’est exactement ce qui sera recherché par tout à chacun. C’est d’ailleurs ce qu’a très bien senti ce restaurant éphémère suédois qui ouvre le 10 mai prochain, situé à 350 kilomètres de Stockholm, comportant une seule table, avec une seule chaise et un seul couvert [9].

Le scooter vous permettra par ailleurs de passer à travers les mailles des contrôles de police toujours en place après le 11 mai, et de vous balader tranquillement dans les rues encore vides de Paris car ils vous prendront pour un livreur Deliveroo – donc quelqu’un d’essentiel à la nation – en train de transporter une pizza bio et sans gluten chez un couple rue de Rivoli.

Quand les fêtes seront de nouveau possible, le scooter vous permettra également de vous échapper en douce d’une soirée où les blagues du type « On était bien en confinement quand même » ; « Tu aurais dû rester confiné toi ! » ; « T’as bronzé en confinement toi » seront devenues trop insupportables pour les nouveaux misanthropes que nous sommes devenus pendant le confinement.

CVT Extension Du Domaine De La Lutte 1151Outil efficace et jouissif, le scooter vous sera surtout une arme redoutable pour la sortie. Une arme ? Et oui, si vous ne le saviez pas, je vous annonce que vous quittez une guerre pour en découvrir une autre, après le 11 mai, d’un autre ordre mais d’une importance considérable. Car la sexualité est un système de hiérarchie sociale, comme le dit formidablement Michel Houellebecq dans Extension du domaine de la lutte [10], et qu’il va falloir batailler :

« Tout comme le libéralisme économique sans frein et pour des raisons analogues, le libéralisme sexuel produit des phénomènes de paupérisation absolue. Certains font l’amour tous les jours ; d’autres cinq ou six fois dans leur vie, ou jamais. Certains font l’amour avec des dizaines de femmes, d’autres avec aucune. C’est ce qu’on appelle la « loi du marché » (…). Le libéralisme économique, c’est l’extension du domaine de la lutte (…). De même, le libéralisme sexuel, c’est l’extension du domaine de la lutte (…). Certains gagnent sur les deux tableaux ; d’autres perdent sur les deux. Les entreprises se disputent certains jeunes diplômés ; les femmes se disputent certains jeunes hommes ; les hommes se disputent certaines jeunes femmes ; le trouble et l’agitation sont considérables ».

Donc si vous voulez la paix (du slip), il faut préparer la guerre. Certains ont déjà commencé : dans l’enquête enfin arrivée et que tout le monde attendait, celle sur la vie sexuelle et affective des Français pendant le confinement, on apprend que 15 % des Françaises et Français (et 27 % chez les 18-35 ans) ont déjà programmé avec un potentiel partenaire un rendez-vous ou une soirée dans la perspective d’avoir des relations sexuelles lorsque le confinement sera levé [11]. On ne vous a pas attendu. La guerre est déclarée.

Dans ce climat d’affrontements violents, le scooter vous assure d’arriver le premier dans les fêtes et dans les bals, tandis que vos camarades seront encore coincés dans le métro ou dans les embouteillages. Vous vous assurez d’être le premier à pouvoir danser et faire la cour à toutes les personnes que vous voulez.

Le scooter, c’est donc un attrape-cœur. Vous arriverez en chantant, cheveux non coupés au vent :

Et quand il arrivait

La foule s’écriait

Arriva Jérémie l’amoroso

Croqueur d’amour,

L’œil de velours comme une caresse

(c’était un exemple).

Grâce au scooter, vous serez celui qui pourra ramener chez elle la plus belle de la soirée, lui précisant que scooter signifie intimité, lui indiquant comme Marcelo Mastroianni dans La Dolce Vita que « l’intimité est le prélude à tous les plaisirs ».

Vous pourrez enfin ajouter un argument imparable : dans un moment où, comme l’indique le Magazine Elle du 30 avril, nous sommes dans une véritable « psychose capillaire »[12], où beaucoup de femmes craignent d’être démasquées pendant le confinement car cachent à leur famille qu’elles font des couleurs pour cacher leurs cheveux blanc, vous serez là pour les rassurer en leur disant qu’il vaut mieux préférer le casque au masque (obligatoire dans les taxis, VTC et transports en commun) : avec le casque, on ne voit pas vos cheveux, mêmes les blancs, alors qu’un masque dévoile tout, et cache votre bouche. Ce qui est gênant quand on sait que le sens de la vie à un goût de lèvres, comme dit Gary dans Clair de femme [13].

Ma première chronique de la crise s’intitulait « Après le confinement, je vais conclure ». Pour cela, vous l’aurez compris, après le confinement, je vais conduire.

Et s’il vous faut une dernière raison pour vous convaincre sur le scooter, je vous donne une raison d’acheter une Vespa : ça vous permettra de rendre hommage à deux personnes disparues pendant ce confinement : au grand Henri Weber, qui se faufilait partout au volant de sa vespa. Et au chanteur Christophe, qui la conduisait d’une main :

« Tous les soirs sans fin

Je traînais sur ma Vespa

Dans mon gilet de satin

C’était la dolce vita

Je cherchais l’aventure

Jusqu’au petit matin

Je me prenais pour Ben-hur

En conduisant d’une main »

Toutes les chroniques d’arrêt d’urgence de Jérémie Peltier sont là

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[1] Pour en savoir plus, voir l’excellent article du site Out the box ! qui regorge de pépites : https://www.out-the-box.fr/24-faits-choquants-sur-le-temps-gaspille-en-toute-une-vie/

[2] Mains propres, slips sales ? Etat des lieux de l’hygiène corporelle et vestimentaire des Français confinés, Ifop pour 24matin.fr, 22 avril 2020 : https://www.ifop.com/publication/mains-propres-slips-sales-etat-des-lieux-de-lhygiene-des-francais-confines/

[3] Woody Allen, Dieu, Shakespeare et moi, Points, 2009

[4] « Pourquoi rit-on ? » Out the box : https://www.out-the-box.fr/dossier-pourquoi-rit-on/6/

[5] Hélène L’Heuillet, Éloge du retard, Albin Michel, 2020

[6] « Couple : Les Français attendent 27 jours en moyenne avant de passer à l’acte », 20 minutes, 27 octobre 2015 : https://www.20minutes.fr/societe/1718055-20151027-couple-francais-attendent-27-jours-moyenne-avant-passer-acte

[7] Frédéric Beigbeder, La frivolité est une affaire sérieuse, Editions de l’Observatoire, octobre 2018

[8] Pierre Desproges, La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède, Editions du Seuil, 1995

[9] « En Suède, un restaurant pour être seul avec soi-même va ouvrir », Le Point, 2 mai 2020 : https://www.lepoint.fr/monde/en-suede-un-restaurant-pour-etre-seul-avec-soi-meme-va-ouvrir-02-05-2020-2373824_24.php?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Twitter&Echobox=1588420478#xtor=CS1-32-%5BEchobox%5D

[10] Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte, Editions Maurice Nadeau, 1994

[11] « La vie sexuelle et affective des Français confinés : entre frustration, transgression et implosion »…Ifop pour Charles.co, mardi 5 mai 2020

[12] « Confinement. La psychose capillaire », Alix Girod de l’Ain, Elle, 30 avril 2020

[13] Romain Gary, Clair de femme, Gallimard, 1982

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