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Béatrice Shalit : « J’ai un faible pour les loosers »

Béatrice SHALIT © M. Fougeras Lavergnolle

Après le chat du rabbin, le chat philosophe et narrateur. Dans son nouveau roman paru chez Julliard, Béatrice Shalit raconte avec humour la vie imaginaire d'une communauté dans l'hôtel La Roulotte. Grandeurs et vicissitudes de l'âme humaine. Un bon roman !

Avec « James et Talia » édition Julliard, Béatrice Shalit livre un roman original, attachant et poignant. Immédiatement, le lecteur est intrigué et happé par des personnages mystérieux, un brin barjos habitant à la Roulotte, un hôtel particulier. Leurs réactions incongrues, bizarres, extravagantes  interpellent et interrogent. Avec la question clé : qu’aurais-je fait à leur place ?  Le livre emporte dans le tourbillon des vies pleines de rebondissements racontées par James, le chat de la maison, incroyablement intelligent. Ce félin un peu diabolique veille sur eux et essaye de comprendre comment fonctionne l’esprit des êtres humains. Le passé, la dénonciation d’une famille juive, la vengeance, la misère, la détresse, la mort mais aussi l’entraide, la bonté, l’amitié l’amour, et l’adoption sont au cœur de leurs vies. Rencontre avec l'autrice.

 Pourquoi cette histoire d’une petite communauté d’un hôtel particulier à Paris, la Roulotte, tenu par les époux Rahbani ?

Je ne sais réellement pas d'où m'est venue l'idée de cette communauté de gens écorchés par la vie. J'ai toujours eu un faible pour les losers. Je crois que je les aime. Sans doute parce que j'en fais partie. Dans ma famille, autour de mes grands-parents à New York, il y avait des réfugiés russes et polonais, pauvres mais dignes. Leur chauffeur; ou plutôt le monsieur qui conduisait leur voiture, était un ancien médecin juif russe. J'ai oublié son nom. Il était très gentil.

Vos personnages sont écorchés par la vie. Il y a Yacek un artiste peintre qui a quitté la Pologne, Bintou, une sans-papier afghane. Le mystérieux monsieur X, M. Achab, qui vient d’Egypte, cordonnier qui a perdu sa femme. Maryline, l’actrice et James, le chat qui entend et voit tout. Et puis Talia qui vient d’Israël, dernière arrivante. Elle a un projet mystérieux et secret qui va affecter toute la communauté. Tous les résidents portent en eux un petit pêché. Vous dépeignez la nature humaine avec ce qu’elle a de meilleure et de pire et les relations sociales entre les divers habitants. Étais-ce plus facile à raconter par la voix d’un chat ?

J'ai trouvé que faire raconter l'histoire à un chat était une bonne idée. J'ai toujours eu des chats. Je les aime beaucoup. Je les crois porteurs d'une sorte de sagesse. Ma chatte actuelle me parle. Elle penche la tête de côté et me regarde. Elle voudrait comprendre ce que je lui dis.

La Roulotte, c’est un drôle d’endroit. Il s’y passe toujours quelque chose. Une petite fille déposée devant la porte, une tentative de meurtre sans queue ni tête entre autres. Il est question de chassé-croisé amoureux mais aussi de la liberté d’aimer. En 2020, pensez-vous que le poids des traditions soit encore trop présent ?