C’est un livre que l’on attendait pas. C’est un livre que l’on regardait du coin de l’œil en hésitant à y aller. Peur de se perdre dans l’histoire. Peur de ne pas connaître assez l’univers du cinéma pour vraiment l’apprécier. Oui parfois, comme vous toutes et vous tous, au moment d’ouvrir un roman, nous sommes apeurés. Heureusement, il y a toujours des amis bienveillants pour vous y amener. Pour insister. Pour vous dire à quel point vous passez à côté de quelque chose. Ce fut notre cas avec “Un père sans enfants” de Denis Rossano, paru chez Allary Editions. Excusez du peu. Il s’agit de l’histoire du réalisateur Douglas Sirk, en vogue dans les années 20 et 30 en Allemagne, contraint de fuir avec sa famille juive. Il part pour l’Amérique. L’autre personnage c’est Klaus, le fils de Douglas. Il est lui resté en Allemagne et est une icône de la propagande nazie. Sirk ne reverra jamais son fils.
Un livre émouvant et inattendu
Sur le papier, l’histoire est donc rude et difficile. Heureusement derrière cette histoire, il y a un écrivain. Denis Rossano. Clairement, une fois que vous aurez démarré ce livre, vous ne pourrez plus le quitter. Rossano a rencontré Sirk à la fin de sa vie, a fouillé cette histoire ahurissante. Il la raconte comme une enquête. Par instants, on croit lire un roman policier tant les pièces du puzzle de cette vie hors du commun au sens premier du terme s’assemble petit à petit. C’est un régal de lecture. Une lecture profonde. Une lecture qui part de l’individuel pour arriver vers l’universel. Comment faire pour gérer la perte, l’éloignement d’un enfant ? Comment être un homme ? Comment vivre sans la chair de notre chair. Le livre est porté par un souffle puissant et par une plume intelligente, agréable, pudique et juste. Une vraie claque de lecture. Laissez-vous tenter. Vous ne le regretterez pas.
Nouveauté cette semaine : vous pouvez même l’acheter ici, sur le site d’Ernest. C’est une façon de soutenir notre démarche de défense d’une approche décomplexée de la littérature.
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