Il y a plusieurs milliards d’années, la lune a été créée suite à la collision d’une protoplanète avec la jeune Terre. Puis, comme chacun sait, la naissance de la vie sur terre est advenue après la chute d’un astéroïde dans le Golfe du Nouveau Mexique provoquant la mort des dinosaures, puis petit à petit l’apparition des premiers nouveaux signes de vie entraînant la naissance de l’Humanité. Un choc peut donc amener du mieux. Non, nous ne vous êtes pas perdus dans la newsletter dominicale de Science et vie. Celle-ci aurait été beaucoup plus précise quant à cet évènement majeur, évidemment. Vous êtes donc bien dans l’Ernestine la lettre dominicale d’Ernest.
Ce détour par les chocs cosmiques engendrant des réactions en chaîne pouvant conduire à l’éclosion de la vie, est un moyen de prendre – un peu – de recul suite à l’émotion suscitée par l’incendie de Notre-Dame, lundi 15 avril. Ainsi que nous l’expliquons dans notre livre du vendredi de cette semaine (dont aucun média ne vous a parlé suite à l’événement), cet incendie touche un cœur commun. Une histoire commune qui va au-delà de le religiosité et qui, au contraire, touche à l’histoire et à la quintessence de l’esprit humain qui mû par un idéal commun est capable de penser et de construire Notre-Dame.
Perte d’un cœur commun
Dans ce surgissement de l’inattendu tragique, il y a donc le choc. Et si ce choc que chacun et chacune peut ressentir à sa manière et à son échelle était une forme de choc cosmique du 21e siècle ? A nous, humains, de le surpasser pour en faire de la vie. A nous humains de le surpasser pour le rendre source de nouveauté, d’innovations et de progrès. A nous, humains rationalistes de faire de ce moment un moment où l’on réinvente du commun. Ironie de l’histoire, cela est intervenu au début de la semaine sainte tandis que les juifs démarraient la fête de Pessah’. Une première idée cosmique est venue : et si nous crééions une fête laïque intitulée la fête de PAS QUE. Pas que catholique, et pas que juif. Ensemble. L’autre idée est de reprendre le jeux de mots que certains rabbins font avec le mot Pessah’.
Ils le coupent en deux pour faire de cette pâque juive la fête de Peh et Sah’, littéralement la bouche qui dialogue. Prenons, nous aussi, le temps d’ouvrir le dialogue avec l’autre. Tiens, c’est ce qui s’est passé, lundi soir et les jours suivants aux alentours de Notre Dame. Le dialogue était là. Fort et présent. Quoiqu’il en soit, tout dans cet évènement peut être le signe non pas d’une fin mais d’un commencement. C’est d’ailleurs seulement ainsi qu’il naîtra quelque chose des larmes collectives qui disaient la perte d’une morceau de nos communs.
Et comme chez Ernest, on aime se tourner vers tous les textes, voici encore un extrait non mentionné cette semaine (vous êtes vraiment des veinards), qui parle avec une certaine justesse, pas que de Notre-Dame, pas que de religion, mais aussi de la recherche humaine de la lumière. Il est signé Tim Willocks, dans les “12 enfants de Paris”.
Tannhauser scruta ce vaste intérieur enchanté, dans lequel chaque pierre avait été gravée et placée pour donner corps à ses propres et nombreuses significations. Petrus Grubenius avait toujours pensé que cette structure entière avait été bâtie, selon les principes de la géométrie sacrée, comme un seul vaisseau alchimique géant — c’est à dire non seulement comme un creuset, ce qu’elle était, ou un texte de mots transcendés, ce qu’elle était aussi, mais aussi comme un navire cosmique en voyage vers le temps au-delà du temps, et dont le pilote spirituel était Hermès Trismégiste.
Tannhauser se dit que les garçons pourraient être touchés par cette théorie : —Si nous acceptions, dit-il, […] que la messe est une manifestation du magnum opus, et que les sept sacrements symbolisent les procédés alchimiques dont le but est à la fois la transmutation de la matière en esprit et de l’esprit en matière, alors Notre-Dame de Paris devient réellement notre Mère, le centre sacré, le ventre d’où nous pourrons renaître à la lumière.”
L’illustration de Une est l’œuvre de @Bore_art, que nous vous invitons à découvrir.
Tous les éditos d’Ernest sont là.