Hier après-midi, un grand monsieur est entré à l’Académie Française. Il a franchi les étapes. Il a même été poussé par ses amis. Il ne s’y voyait pas trop dans ce lieu “académique”, lui, le baroque par excellence. Patrick Grainville est devenu immortel et c’est une très belle nouvelle car sa plume, sa verve et son esprit libre va compter parmi les académiciens. Évidemment, il faut le lire. Grainville est un esthète des mots, un apôtre de la littérature extravertie qui prend des risques, qui tombe qui se relève, qui repart et qui étonnant par sa foisonnante et déconcertante ambition.
Une littérature baroque et magique
Grainville est donc l’un de ces auteurs que l’on approche avec de l’appréhension mais qui parviennent toujours à surprendre et au final à émerveiller le lecteur. Pour entrer dans le Grainville, il y a soit son dernier roman “Falaise de fous” qui est une fresque puissante avec Zola, Hugo et les impressionnistes comme personnages principaux. Le propos est vaste, ambitieux et flamboyant. De flamboyance justement, il est aussi question dans le quatrième roman de l’auteur intitulé “les flamboyants” et qui lui valu le prix Goncourt en 1976 à 29 ans seulement. Dans ce roman qui emmène à la rencontre du roi Tokor dans une Afrique moderne et légendaire centrée autour de ce « général roi » fou, véritable héros d’épopée, de western et de bande dessinée. “Une guerre, une révolution, une quête du sacré s’enchaînent dans un foisonnement de vie végétale et animale. Et au beau milieu de cette folie, un jeune Écossais venu en pays yali pour s’endurcir va plonger dans la mystique du roi Tokor…” indique d’ailleurs la quatrième de couverture. Comme pour signifier au lecteur que la rencontre avec la magie de ce roman se fera à des moments variés selon la sensibilité de chacun et de chacune. Avec ce roman Grainville posa la première pierre d’une littérature baroque juste ce qu’il faut pour émerveiller le lecteur tout en le faisant sortir de son confort. Une littérature qui se joue des codes et des coutumes pour en inventer de nouvelles. Les siennes propres. Il est évident que ce livre de Grainville change le lecteur. Il est clair que l’esprit vif et prolifique de Grainville amènera une folie à l’Académie. Lisez-le, vous ne le regretterez pas. Il ose tout et le lecteur l’aime pour cela.
Toutes les inspirations d’Ernest.

