Un livre. Une vie d’émotions. Une vie émancipée. Ce sont les mots qui surgissent après la lecture de “Annie et la Compagnie des livres”. Un texte simple, une écriture fluide, parfois innocente, mais qui fonctionne, et emporte le lecteur sur les traces de mai 68. Au cœur de la révolte, de l’émancipation des femmes et de l’adolescence, l’auteur surprend en pointant la société dans laquelle elle a grandi.
A Sceaux, le décor est planté. Entre bourgeoisie, hypocrisie conjugale et mépris des classes, les personnages s’agrippent, se perdent, se retrouvent. C’est cousu de « fil blanc », mais la formule est bonne. Il y a le pédiatre de famille adultère et rigide, l’épouse qui abandonne ses rêves et son métier pour un mariage qui s’étiole, le grand-père avant-gardiste et affectueux. Il y a la petite fille « gosse de riche » qui s’éprend du fils des concierges, endeuillé. Il y a des livres à profusion et des classiques qui épingle la nostalgie de jeunes lecteurs.
Une naïveté touchante
D’une naïveté touchante, l’auteur parle de passion tandis qu’une tempête fait rage dans les rues de Paris. Elle parle aussi d’amitié, d’injustice et du droit des femmes sur un fond de foyer ordonné. La contraception, l’IVG, l’égalité, les fondamentaux sont balayés par le regard d’Annie qui grandit jusqu’à la fin de ce roman réussi et de sa mère Hélène qui voit sa vie basculer. Des banderoles, des slogans, des risques qui ont promis la liberté à notre génération. C’est une certaine reconnaissance de ce combat mené dans des salons ou des caves clandestines que Pascale Rault-Delmas fait naître.
Tendre, romancé et efficace, « Annie et la Compagnie des livres », raconte, sous couvert de légèreté, les hasards de la vie et le départ des grands mouvements de la société. Un texte qui transmet un héritage, un pan de l’Histoire et une réelle bouffée d’amour.
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