“J’assume de prendre le temps“. C’est la phrase prononcée et répétée deux fois par le président de la République, Emmanuel Macron, alors que les journalistes le pressaient de dire pourquoi le remaniement gouvernemental n’avait pas encore eu lieu. Une phrase présidentielle qui n’est pas sans rappeler celle d’un autre président, François Mitterrand qui expliquait qu’il “fallait donner du temps au temps”. Reste qu’au fond, dans nos sociétés toujours plus rapides, frénétiques, le mot “temps” est devenu synonyme d’une course folle dans laquelle nous n’en n’avons plus jamais. Comme si nous étions dépassés, brinquebalés par une logique très nouvelle d’une occupation permanente, d’une accélération qui nous est imposée plus qu’elle n’est choisie.
Alors, évidemment, certains brandissent le droit à la déconnexion. A la pause temporelle. Belle idée. Souhaitable et nécessaire. Mais qui elle aussi créé une nouvelle fracture numérique. Ceux qui peuvent vraiment se déconnecter sont ceux qui ont également une existence autre que celle que la société donne aujourd’hui aux individus. Un individu – inconnu – ne peut aujourd’hui pas se passer d’une existence numérique. C’est cela la nouvelle fracture numérique. La déconnexion et donc le temps est fait pour les nantis du numérique et de la connaissance du monde. C’est ce que démontrait avec acuité, l’essayiste et romancier, Paul Vacca dans cet article.
Pour se réapproprier le temps, une solution : lire
Reste une possibilité : celle de conserver une existence numérique, et de savoir prendre le temps. Pour y parvenir, une solution simple : plonger dans un livre. Cet objet qui en un rien de temps justement nous emporte dans la psyché des personnages, dans des pays ou des paysages inconnus et surtout qui nous fait vivre une expérience sensible nouvelle à chaque livre mais à laquelle on peut s’identifier. Au moment de sa naissance, Ernest écrivait : lire c’est se réapproprier son rapport au temps et réinventer son rapport au monde. Un conseil lecture pour le président : “gouverner c’est choisir” de Pierre Mendès France (PMF). Dans ce texte, l’ancien président du conseil, résistant et intellectuel écrivait : “Gouverner c’est choisir, aussi difficile que soient les choix“. Et PMF d’ajouter quelques lignes plus loin : “il faut être un gouvernement d’action. Seule l’action entretient la confiance”.
Il en va du gouvernement d’un pays, comme des choix d’une vie. C’est dimanche, prenez le temps et agissez. Bonnes lectures.