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La démocratie répond-elle ?

Ernest Mag Democratie

Encore un essai sur la démocratie et ses limites ? Oui mais pas seulement. Le livre de Yascha Mounk est bien plus large et important que cela. C'est un livre de philosophie politique accessible et passionnant. Il pose des constats nouveaux et affine quelques idées de solutions. Revigorant !

Par Frédéric Potier

Ernest Mag MounkAlors que des centaines de romans débarquent sur les étals des librairies et que les commentateurs affutent leurs pronostics pour savoir qui sera le prochain Goncourt ou le prochain Renaudot, les essais politiques passent généralement inaperçus au moment de la rentrée. Le Peuple contre la démocratie, du jeune (36 ans) et brillant professeur à Harvard Yascha Mounk, fait exception. Salué aussi bien par Le Figaro que par Le Monde ou la Fondation Jean Jaurès (ce qui est louche), cet essai analyse brillamment la montée des populismes dans un contexte de mondialisation et de développement du numérique. Yascha Mounk, issu d’une famille d’origine polonaise, a grandi en Allemagne avant d’être naturalisé américain et d’y mener une carrière universitaire très prestigieuse. Figure intellectuelle du mouvement progressiste américain, ses ouvrages ont été déjà traduits en plusieurs langues et sont discutés sur de nombreux campus européens. Pour résumer, c’est LE théoricien à la mode qu’il faut citer dans les copies à sciences po ou dans les diners en ville (en fonction de votre âge). Mais ce serait faire injure à Mounk que de le cantonner dans un rôle de prof super star – francophone de surcroît, idole des campus et des commentateurs politiques en mal de nouveauté. Car "Le Peuple contre la démocratie" s’avère à la lecture un effort de conceptualisation remarquable. Mounk cherche en effet à comprendre le monde tel qu’il se déploie sous nos yeux à une vitesse extraordinaire.  Tout d’abord, Yascha Mounk constate que l’idée que la Démocratie serait inévitable au-delà d’un certain seuil de développement économique ne tient pas (cf. la Hongrie ou la Turquie). Au contraire, nous assistons selon lui à une phase de « déconsolidation » de la démocratie. Ainsi, ce régime politique, auquel nous sommes si attachés, n’attire plus et suscite de plus en plus de défiances, notamment chez les jeunes. Francis Fukuyama et sa fameuse théorie de La Fin de l’Histoire sont donc à ranger dans les oubliettes.