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Comment faire de la formation après les gilets jaunes ?

Koshu Kunii PKMMAK Zam0 Unsplash

Dans un essai publié aux éditions de l’Aube, un an après la crise des gilets jaunes, Olivier Faron et Thibaut Duchêne, cadres du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), livrent des solutions concrètes pour ragaillardir la formation républicaine.

« Après le pain, l’éducation est le premier besoin du peuple » avait lancé Danton, dans une formule restée fameuse. Or, bousculée dans ses certitudes par un mouvement social d’une ampleur rare, les élites aux manettes eurent l’occasion de mesurer, au cours des derniers mois, combien la France d’en bas souffrait et ne croyait surtout plus en notre système pour rétablir justice sociale et équité. Samedi après samedi, le peuple des zones rurales et celui des périphéries abandonnées se donnaient rendez-vous dans les centres névralgiques du pouvoir. Pouvoir d’achat, fermeture des services publics, retraites : il flottait alors comme un parfum insurrection dans l’air et bien des questions. Parmi celles-ci : la République sait-elle encore former ses enfants ? Le fait-elle, pour tous, efficacement ? Autant d’interrogations reprises à leur compte par Olivier Faron et Thibaut Duchêne dans un essai vivifiant, Former. Tout à la fois provocateur et incontestable, le parti pris des auteurs est le suivant  : sociologiquement, les Gilets Jaunes menèrent une révolte d’actifs. « Le niveau moyen de qualification des protestataires se situe au niveau du bac professionnel, explique Olivier Faron. Cela n’a rien d’étonnant. Pour progresser dans leur carrière, ces gens auraient besoin de formation continue, de montée en compétence. Or, notre système ne prévoit rien en ce sens. Et, pour cause : il ignore l’idée même de seconde chance. Seul compte le diplôme acquis. » Comment donc inverser la tendance ? Pour l’expliquer, le tandem Duchêne-Faron se fonde sur son expérience pratique de la question, depuis le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). En charge de la stratégie du développement de ce réseau de 150 antennes hexagonales, 70 000 auditeurs et 5 000 enseignants et personnels administratif, Thibaut Duchêne ne s’interdit pas le recours à l’utopie concrète.  « Pour demeurer confiant face à l’avenir, explique ce dernier, le service public doit être refondé, repensé, redynamisé et réaligné avec les attentes de nos concitoyens, sur tous les territoires. La formation initiale ne doit plus avoir la place écrasante qui est la sienne. Elle ne doit plus distribuer de manière irréversible les places entre supposés gagnants et perdants dès leur sortie de l’adolescence. La formation continue doit être l’occasion de saisir, une deuxième, une troisième, une énième chance ». Il y a urgence.