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Stop ! Roman culte !

Eric Muhr 637943 Unsplash

Dans notre groupe Facebook, club de lecture inspirant, le “Zinc d’Ernest”, tout le monde parle de livres et échange sur les lectures marquantes en cours ou plus anciennes. C’est endroit passionnant de discussions sur les livres dans l’esprit Ernest. C’est aussi un lieu où de très beaux textes et coups de coeur sont publiés. Aujourd’hui, le texte d’Adeline Bo sur un roman culte de la rédaction d’Ernest : Les frères Holt de Marcia Davenport aux éditions “Le Promeneur”

Par Adeline Bo

Le résumé : Fondé sur un fait divers fameux de l’histoire américaine, ce roman retrace le parcours croisé de deux frères de la bonne bourgeoisie new-yorkaise, Seymour et Randall Holt, le violent et le tendre, de leur enfance dorée à une jeunesse aventureuse qui les mène jusqu’en Italie du Nord et à Vienne. Périple qui s’interrompt prématurément et débouche sur une réunion forcée derrière les portes de la maison de famille, peu à peu transformée en cénotaphe hitchcockien. Dans ce lieu sombre et magique, véritable protagoniste du livre, s’accumulent de vieux pianos, des liasses de billets de banque emblèmes dévalués d’une fortune jamais mise à profit, d’innombrables piles de vieux journaux amassés dans l’attente d’une hypothétique lecture et qui finissent par occuper une pièce après l’autre, forçant les occupants dans un minuscule et terrifiant réduit, avant de décider de leur sort.

Quel roman !

Seymour, Randall, enfants martyrisés, enfants brillants devenus des handicapés de la vie par la seule volonté d’une grand-mère ignoble, d’une mère, Lily, bien trop fragile pour les protéger, et brisée par le malheur et la haine qui fut son quotidien aux côtés d’un mari soumis et enchaîné à sa mère, la hiératique et immonde Mrs Holt.
Ces deux enfants devenus hommes, liés, malgré tout par un amour très fort, seront à jamais marqués au fer rouge, par les relations toxiques de leur enfance, par le poids de l’éducation reçue et les coups du sort. Mais aussi par la violence et la défiance des rapports à autrui. D’ailleurs, la fraîche et frivole Renata, femme libre, bien trop en avance sur son époque, qui vit selon son cœur et ses envies, en sera l’une des plus émouvantes victimes.

Ernest Mag Freres HoltRandall, tout à la fois passionné et totalement inhibé au point de ne pouvoir prendre la moindre décision salvatrice, celle notamment de quitter cette terrible maison et par là-même son frère, saura malgré tout, au prix d une unique et terrible prise de conscience sauver de la folie le dernier descendant des Holt. Folie dans laquelle, lui, sombrera avec son frère, son autre moi : Seymour !

Au fond Randall et Seymour sont les deux faces d’une même pièce, qui aurait pu connaître un autre destin, inscrit sous le sceau du bonheur, si la haine de leur grand-mère ne les avait pas prédestinés au malheur, aux inévitables ravages de leurs névroses.

Comment lâcher un tel roman ? À chaque fois que j’ai dû le faire , c’était insupportable, tant je fus imprégnée par sa puissance narrative. Chaque mot a sa résonance, chaque événement, majeur ou anodin devient primordial et me donnait envie tout à la fois de découvrir la suite pour comprendre et compatir, et m’incitait à retarder le plus possible, l’arrivée de l’ultime phrase, du dernier mot de ce petit bijou.
Tous les portraits psychologiques de ce roman (y compris les personnages secondaires) sont une véritable merveille, son style est limpide, et son écriture élégante et raffinée! Les frères Holt, roman culte, roman de tous les superlatifs, bien sûr, une fresque romanesque magistrale, incomparable! Oui ce roman, m’a marquée et me laissera un superbe souvenir impérissable.

Tous les coups de cœur des ernestiens.

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