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Auteures inspirantes : Colette

Ernest Mag Trintignant Colette

A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, Ernest a brossé les portraits des héroïnes contemporaines inspirantes et a donné aussi des clés avec des essais inspirants pour réinventer les rapports hommes-femmes après l'affaire Weinstein et les mouvements #balancetonporc et #metoo. De temps à autres, aussi, nous reviendrons sur les parcours d'auteures inspirantes, par leurs écrits, mais aussi par leur parcours. Aujourd'hui, Colette.

Par Nicole Barcelo

Ernest Mag Colette VrillesvigneLibre. Totalement libre. Colette ne vit pas comme la plupart des femmes de son temps et de son milieu. Cette liberté qui est la sienne est l’essence même de toute son œuvre, et de sa vie, puisqu’elle est elle-même la matière de ses livres. Cette liberté, il faut la comprendre à l’aune de son époque, la première moitié du XXème siècle. Colette dérange. Au point que le mari d’Armande de Polignac lui demande en 1908, dans une lettre, de supprimer le nom de sa femme de sa chronique « Toby Chien et la musique », parue dans son recueil Les Vrilles de la Vigne. Le monsieur a pris peur quand il a découvert, effaré, le portrait de sa femme, sensuellement décrite alors qu’elle joue de la clarinette. Il prévient gentiment :
« Vous, ayant rompu carrément avec toutes les conventions, affichez franchement et courageusement votre liberté et votre façon de comprendre la vie. Nous, nous sommes obligés pour mille raisons de respecter ces conventions. Nous avons un enfant et des parents que nous aimons. Or le nom d’Armande, et ce peut paraître étrange son nom à elle seule, au milieu des idées que vous affichez, peut faire croire que nous comprenons la vie comme vous. Malgré toute notre affection pour vous, Colette, ceci n’est pas. Je compte sur votre tact et votre loyauté pour supprimer le nom d’Armande de vos éditions suivantes que je souhaite nombreuses. »

Colette supprimera le nom d’Armande, mais seulement en 1934. Car elle fait ce qu’elle veut. Il est vrai que sa liberté et son anticonformisme éclatent à chaque page, non pas ostensiblement mais plutôt comme une évidence, non pas comme un combat mais plutôt comme une affirmation individuelle de son libre arbitre. Ainsi, Colette peut aimer les hommes comme elle peut aimer les femmes. Elle peut se mettre à nu dans ses écrits comme sur scène où elle joue avec sa compagne Missy travestie en homme.