Changer la façon de faire un magazine littéraire. C'est l'une des ambitions d'Ernest. Montrer que la littérature irrigue le monde. Les livres, évidemment, mais aussi la politique, l'histoire, le sport, et notamment le football. Oui, le foot. Vous avez bien lu. Pour montrer cela, pour raconter le monde à travers la littérature et les soubresauts de celui-ci avec les mots d'un écrivain, qui mieux que Pierre-Louis Basse ? Sur Ernest, en liberté, Pierre-Louis Basse nous racontera tout cela.
[caption id="attachment_5508" align="alignleft" width="337"] Michel Hidalgo et Michel Platini, 16 novembre 1977, Parc des Princes[/caption]
Je sais bien qu’une bulle n’est jamais loin de l’explosion. En football, comme avec les titres immobiliers pourris que les banquiers américains refilaient aux vieux de Détroit, il y a toujours un moment où ça craque. Mais qu’importe. Le mal est fait. Vous avez vu la tête de dix pieds de long des joueurs de l’équipe de France, au soir de leur qualification contre la Bulgarie ? La Bulgarie tout de même ! Une sale histoire du 19 novembre 1993, effacée d’un coup de pinceau. Il y avait de quoi faire la fiesta une bonne partie de la nuit. On aurait dit que les mecs revenaient au vestiaire, pour poser leur tête sur le billot du stade de France. Qualifiés pour la Russie ! La honte. Quarante ans plus tôt - presque jour pour jour-, ça avait une autre gueule d’apercevoir dans la brume du Parc des Princes, Michel Hidalgo, mouchant ses larmes de joie, dans son vieux K-Way Adidas.
Voilà une jeunesse bien lotie : argent, beauté, circulation du désir et du ballon en veux-tu, en voilà ; pourtant, on dirait que l’ennui rôde dans les coursives du stade. A croire que le jeu - presque atone-, de ces bleus, ressemble à un environnement qui n’en finit plus de nous éloigner du football de notre enfance. Oh je sais bien qu’il ne faut rien tant que se méfier du « C’était mieux avant », ou encore du refrain très banal : « Tous pourris ». D’ailleurs, je me souviens qu’en 1993 – comme le temps passe-, le célèbre joueur de Manchester United, Eric Cantona, m’expliquait que les passes décisives étaient grassement payées. Cela relativise la formule célèbre du footballeur des nuées, reprise en couverture par le philosophe Jean-Claude Michéa : « Le plus beau but, était une passe »… Toutefois, c’est un fait incontournable : au fil du mouvement que George Orwell a merveilleusement décrit, le capitalisme détruit et enlaidit toutes sortes d’activités humaines. Pourquoi voudriez-vous que le football échappât à une telle défiguration ?
Le football défiguré
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