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Lumières

Ahmad Dirini F7Sive0fwIg Unsplash

« There’s a crack in everything, that’s how the light gets in » chantait Leonard Cohen. La faille, la crevasse, le manque qui fait jaillir la lumière. Ces derniers mois, éprouvants, ont été des mois de failles, de crevasses, de perte, et de douleur. Intimes et collectives. Chercher les halos de lumière. Chercher ce qui nous lie. Chercher l’éclat qui jaillit pour faire se dessiner un sourire, pour créer des ponts, pour simplement tenir la main de l’Autre.

Dans les Lumières, qui ne sont pas à L’Elysée contrairement à ce que l’image veut faire croire, des mots forcément. Ceux d’Andrew Ridker dans son magistral roman (nous y reviendrons la semaine prochaine) Hope dans lequel il narre des « perdants magnifiques » (Cohen encore). De ces livres dont on hésite entre l’accélération et le ralentissement de la lecture pour faire durer le plaisir.

Des mots, encore. Ceux de l’historien Patrick Boucheron qui dans un essai vif et concis « Le temps qui reste » nous parle de notre accoutumance à la catastrophe annoncée – celle de l’obscurité du nationalisme et du rance – et nous alerte justement sur nos renoncements et sur nos inactions. Et de nous inviter, comme Victor Hugo, à étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait et surtout grâce à notre action.

Des mots, toujours. Ceux de Léon Blum dans « à l’échelle humaine » relus dans le livre magnifique « Blum vie héroïque » que Philippe Colin a tiré de son podcast tout aussi indispensable.

« L’homme a deux âmes différentes, l’une pour chanter et chercher, l’autre pour agir ; l’une pour sentir la beauté et comprendre la vérité, l’autre pour sentir la fraternité et comprendre la justice. Quiconque envisage cette perspective se sent animé un invincible espoir. Que l’homme contemple le but, qu’il se fie à son destin, qu’il ne craigne pas d’user sa force. Quand L’homme se trouble et se décourage, il n’a qu’à penser à l’Humanité. »

Penser à l’Humanité pour ne pas se décourager. Penser à la beauté des notes à la musique des mots, à la force qui habite ce que nous sommes, seuls et ensemble. Alone Together comme l’aimait Chet Baker.

Chérir les petites bougies qui demeurent ici ou là. Les protéger, les faire grandir, les transformer en un feu puissant, en faire un feu de joie qui brûlera non pas une journée, non pas une semaine, non pas un mois, mais une vie entière. Laisser passer la lumière, même dans les failles, ou garder les volets fermés. Voici le choix qui s’impose à nous, de façon plus importante encore, ces derniers mois. Chercher la clarté dans cet enchevêtrement d’ombres. Peut-être est-ce là, finalement, notre mission d’Hommes et de Femmes.

En vous levant (on sait que vous nous lisez lovés dans votre lit 😉 ) ce matin, Ernestiens et Ernestiennes, ouvrez grands les volets.

Bon dimanche,

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