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Flore intense et intime

Flore Cherry 19

En quelques années, Flore Cherry est devenue une figure qui compte du journalisme autour de la sexualité. Flore se définit comme “créatrice de lieux d’expression” autour de l’érotisme et de la sensualité, elle fourmille d’idées et de projets, et pratique un franc parler vivifiant. Rencontre-portrait avec une femme qui en impose.

Photos Patrice NORMAND

Flore Cherry 05Le lieu rendez-vous a quelque chose de mystérieux. Il faut descendre un escalier pour entrer dans un endroit à la lumière tamisée. Un endroit où la sensualité, la douceur, et le plaisir sont à l’honneur. Les fantasmes aussi, puisque le bar qui accueille le visiteur est un « bar à fantasmes ».

Bienvenue au « Sweet Paradise », cet endroit hybride fondé par Arthur Vernon et Flore Cherry qui Flore Cherry 08entremêle spectacles érotiques, lieu de discussion, ventes de sex-toy et aussi rendez-vous avec des « sweeties » qui « réalisent » tout en sensualité et non en sexualité, les fantasmes des clients et des clientes. Au mur, des accessoires leur ayant appartenu pour leurs spectacles.

La pétillante Flore Cherry nous reçoit donc au « Sweet Paradise » qui constitue l’une de ses nombreuses activités. Nous y reviendrons. L’objet de la rencontre concerne plutôt la septième édition du salon de la littérature érotique qu’elle a monté sur les fonts baptismaux et qui chaque année rempli la Bellevilloise de tous les amateurs de littérature érotique ainsi que les curieux qui ont envie de s’encanailler et de s’amuser un peu. « Je suis tournée vers cet événement que j’aime beaucoup car il est la rencontre de plusieurs univers qui m’intéressent : l’écrit, l’érotisme, et l’art », détaille Flore Cherry. « Quel plaisir de voir que c’est déjà la septième édition ! » clame-t-elle.

“Créatrice de lieux d’expression”

Flore Cherry 21L’histoire de Flore Cherry avec l’érotisme, la sensualité et la sexualité, envisagés comme des champs d’investigation journalistique à part entière, a débuté un peu par hasard. « Durant mes études j’ai fait un job étudiant qui consistait à vendre des sextoys lors des enterrements de vie de jeune fille », se souvient Flore. « Je me suis aperçue que le fait de parler de sextoy déclenchait surtout de la part des jeunes femmes présentes une folle envie de parler et d’échanger sur la sexualité. Cela m’a plu. J’ai creusé ce sillon. » Un sillon qui fut d’abord alimenté par une websérie humoristiques « Les expériences de Cerise », dans laquelle Flore Cherry racontait notamment de façon humoristique des essais de jouets érotiques ainsi que des histoires vécues fournies par les téléspectateurs.

De fil en aiguille Flore « s’est prise au jeu de parler de sexualité de façon simple et décomplexée ». Ainsi, bouillonnante de projets Flore Cherry a lancé des ateliers d’écriture érotique qui l’ont amenée ensuite à tenir une chronique dans l’émission de la mythique Brigitte Lahaie sur Sud Radio, à travailler en tant que journaliste pour le magazine Union, à tenir une chronique sexe dans Science & Avenir et à lancer le « Sweet Paradise ». Bref, à devenir l’une des figures du journalisme sexo hexagonal. A ses heures perdues, Flore Cherry écrit. Un roman érotique remarqué “Matriarchie”, et des nouvelles. La dernière dans le recueil “Hold-up 21” qui regroupe vingt et une autrices autour des nouvelles érotiques.

Mais, au final, ce mélange d’activités n’est-il pas un brin épuisant ? « Non, absolument pas. Toutes mes aventures sont liées les unes aux autres. Je Flore Cherry 03me définis comme créatrice d’espace d’expression érotique », confie la jeune femme. « Créatrice d’espace d’expression érotique », on lui demande quelques précisions. Elle s’anime encore et toujours. « Dans le journalisme que je pratique chez Union, je vais à la rencontre des gens, dans les ateliers d’écriture je leur permets de se livrer, au salon de la littérature érotique il est question aussi d’échanges entre les auteurs et les lecteurs. Le tout autour de l’érotisme », détaille Flore.

Et même dans « les fantasmes » que les clients viennent réaliser au « Sweet Paradise », elle souligne qu’elle « apprend des choses tous les jours » sur les différences entre les hommes et les femmes ou sur la sexualité en général. « Cela nourrit mon travail de journaliste », s’amuse-t-elle.

Développer la connaissance scientifique de la sexualité

On lui demande un exemple. Elle sourit. « Les femmes ne sont en aucune mesure fétichistes de rien ! Les hommes en revanche le sont presque Flore Cherry 17tous ! », lance-t-elle. Des différences qui conduisent vers les prochains sujets de préoccupations de Flore Cherry. « Comprendre les différences scientifiques dans nos cerveaux par rapport à la sexualité. Les orgasmes féminins et masculins sont-ils vraiment les mêmes ? ». Et Flore de souhaiter que la recherche « scientifique autour de la sexualité occupe plus de place » car ce sujet a été laissé en « jachère ».

Flore Cherry 22La discussion se poursuit. Virevoltante. Et tandis qu’elle doit partir pour aller faire sa chronique chez Brigitte Lahaie, on l’interroge sur ses lectures : « J’ai eu de grandes émotions érotiques en lisant les intégrales de Jean-Jacques Pauvert ou Anaïs Nin », partage-t-elle avec gourmandise. Elle s’arrête. Réfléchit. Et se remémore les « délicieux textes des libertins du 18e siècle qui recèlent d’une grande liberté et surtout d’une imagination folle pour décrire le sexe. » Elle cite également, Agnès Giard ou Maïa Mazaurette comme journalistes, sources d’inspiration qui lui ont donné envie de se lancer dans ce métier. Tiens, d’ailleurs, n’est-ce pas trop compliqué à faire lorsque l’on est une femme ? « Au contraire, je pense que cela désamorce la tension sexuelle et permet d’avoir des confidences », analyse-t-elle tout en convenant qu’au départ, elle souffrait un peu de sa jeunesse au démarrage de sa carrière et qu’il lui est arrivé d’avoir quelques avances ou messages un peu déplacés.

Le temps est écoulé. Séance photo avec Patrice Normand. A la fois mutine et professionnelle. Elle sourit, salue et lance : « n’oubliez pas de Flore Cherry 10faire de la pub pour le salon de la littérature érotique les garçons » ! Quelques instants auparavant, une nouvelle idée – commune avec l’auteur de ces lignes – avait germé. Autour des sexualités, en général, et de ce qu’elles racontent de nos sociétés. Mais, c’est une autre histoire.

Le salon de la littérature érotique a lieu dimanche 19 novembre à la Bellevilloise. Inscriptions ici.

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