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Que cela ne se termine jamais

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Aimer lire a ceci de magique que cela permet à intervalles réguliers, même lorsque l’on pense que cela n’arrivera plus vraiment d’être surpris, d’être happé, d’être transporté, d’être emporté littéralement par un livre. Par son intrigue, par ses personnages, par la beauté du style, par une ambiance, par un “je ne sais quoi” impalpable qui fera de la lecture en question une lecture dont on se souviendra. Au moment où ce type de livre se retrouve entre les mains du lecteur aguerri et assidu, d’abord une certitude, une sensation de bien être profond, une satisfaction puissante. Ensuite, deux attitudes s’entrechoquent. Lire avidement, ne faire que ça pour continuer d’avancer ce livre dont on sait qu’on l’aime déjà. Et puis, pris de panique devant l’avancement et donc devant la fin qui approche. Ralentir. Humer le livre. Le désirer en le laissant sur une table de chevet ou une table de salon. Et le reprendre, le terminer et être définitivement convaincu : c’était un grand livre. Un livre qui restera en mémoire.

Un texte exceptionnel

Le livre en question s’appelle “Un dernier verre au bar sans nom”, il est signé Don Carpenter. Il se déroule dans les années 50 à Portland aux Etats-Unis, en plein essor de la beat generation. Il y a Jaime et Charlie, il y a Dick Dubonnet, il y a la magnétique Linda, il y a Kenny et Marty, il y a Stan. Ils sont tous un peu artistes, et tous ont envie d’écrire. Leur histoire, évidemment, mais aussi des histoires qui forgent les consciences des lecteurs. Ils s’aiment, se quittent, se retrouvent, se parlent et s’encouragent. S’affrontent aussi. L’ambiance du livre est à la fois mélancolique et joyeuse. On s’y sent bien dès les premières pages. Don Carpenter a ceci de très fort qu’il parvient en trois ou quatre phrases à décrire avec une justesse infinie un sentiment, une situation, une envie. C’est un roman magnifique sur l’écriture, sur l’amitié, sur la création, sur l’amour – ses forces et ses fragilités -, sur les démons, sur les failles et sur la beauté de l’humanité. Un texte exceptionnel que l’on referme une larme à l’œil.  Comme lorsque se termine une très belle histoire d’amour qui n’aurait pas dû se terminer. Un roman que l’on referme avec le sentiment de faire désormais partie du club de ceux qui le connaissent mais avec le regret de ne plus avoir à le découvrir.

Décider de se jeter sur les autres romans de Don Carpenter.

“Un dernier verre au bar sans nom”, Don Carpenter, Cambourakis poche. 12 euros

Tous les vendredi lecture d’Ernest sont là.

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