“Plongée dans les horreurs de la traite négrière transsaharienne. Des caravanes en partance pour la péninsule arabique, en passant par la colonisation française, l’enrôlement des tirailleurs africains jusqu’à l’essor du mouvement djihadiste Boko Haram, Nétonon Noël Ndjékéry explore 200 ans d’histoire de la privation de liberté et de l’exploitation humaine dans la région de l’actuel Tchad. En parallèle, à travers le récit de la fuite du jeune esclave Tomasta et de ses compagnons de route, l’auteur élabore une utopie subtile : celle d’une société afropolitaine, solidaire et ouverte à la diversité ainsi qu’à sa propre histoire”, nous dit la quatrième de couverture. Elle dit beaucoup de choses, et elle ne dit rien de ce qu’est ce roman d’une très grande force.
Poétique et politique
C’est un roman foisonnant, un roman qui propose des sensations en kaléidoscope, les personnages – notamment celui de Zeitoun esclave porte-drapeau – sont d’une grande intelligence, et sont très attachants. La langue de Nétonon Noël Ndjékéry est celle des romans créoles. Entre la fable et le conte, entre des divagations subtiles de la pensées et des punchlines qui illuminent certaines pages par leur brièveté et leur subtilité. Il y a aussi, dans ce livre, une forme d’onirisme que le lecteur prend plaisir à apprivoiser. L’écriture de ce roman a ceci de fort qu’elle charrie avec elle la cruauté et la répétition ironique de l’histoire qu’elle raconte et qu’elle sert à merveille.
Il y a dans ce roman qui vient d’être couronné du prix Hors Concours de l’édition indépendante dont Ernest est partenaire depuis quatre ans, un souffle poétique et politique qui en fait un livre dont on se souvient. Lisez cet arc en ciel littéraire. “Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis” est un prix littéraire. De l’une de ceux qu’ils ne faut pas manquer.
“Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis”, Nétonon Noël Ndjékéry, éditions Helice Hélas.
Tous les vendredi lecture d’Ernest sont là.