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“Ne pas renoncer à essayer”

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A quoi reconnaît-on les chefs d’œuvre ? Peut-être à leur pertinence dans le temps et à la possibilité de les malaxer de différentes manières. C’est le cas de la pièce d’Ibsen “Un ennemi du peuple » jouée pour la 1ère fois à Oslo, en 1883. Javi Rey dessinateur, notamment, des magnifiques “un maillot pour l’Algérie ” et  “Intempérie “ s’en empare pour le mettre en dessins. Les couleurs vives tranchent avec la dramaturgie du texte. Le tout est superbe.Quid de l’histoire ? Une station Balnéaire, une eau contaminée ; des politiques frileux, une presse pusillanime, des gens oubliés. Des mots forts. Détaillons, un peu tout de même. Le discret docteur Tomas Stockmann et son frère Peter, maire hâbleur et populiste, ont fondé ensemble un établissement thermal dont le succès assure la prospérité de leur petite île. Tomas, qui ne cautionne pas la gestion qu’en fait son frère, s’est toutefois mis en retrait du projet, n’y assurant plus que la mission de médecin généraliste pour les touristes. Une tâche inintéressante qui va pourtant lui permettre de découvrir un terrible scandale sanitaire.

Glaçant, réaliste et finalement plein d’espoir

Ce récit dérange parce qu’il nous interpelle, sur nos réactions, sur ce que l’on accepte parfois sans se poser trop de questions, sur les manipulations dont chacun peut être victime, sur notre capacité à nous laisser emporter par la voix qui saura être la plus convaincante et cette propension à ne voir que ce que l’on veut voir… Évidemment, le propos est aussi passionnant par le miroir qu’il renvoie à notre époque où l’on prend des vessies pour des lanternes et où le langage populiste le plus abject est devenu une valeur refuge.  Dans cette pièce de 1883, il y a donc tout. Tout ce qui meut les hommes et les femmes. Tout ce qui anime aussi l’espace public : le spectacle, la politique, la presse, ceux qui croient à l’intelligence des gens et les autres qui veulent les soumettre. La BD est magistrale. Elle donne envie de lire la pièce et surtout de la voir. Les mots sont glaçants, réalistes mais aussi plein d’espoir et de volonté. Pour ne jamais renoncer. Vrai coup de cœur !

Javi Rey, “Un ennemi du peuple”, Dupuis.

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