Alors que nous sortons de la période de parrainages et que la liste des candidats officiels à la présidence de la République est enfin connue, Frédéric Potier vous propose de résumer en trois questions la situation politique actuelle.
Pour commencer, « qui » ? Pour cela il faut ouvrir le dernier ouvrage de Laurent-David Samama « Ils se croient tous présidentiables » publié aux éditions Bouquins. Le camarade Laurent-David nous dit tout sur la présidentialité des impétrants, toujours plus nombreux, toujours plus déterminés, toujours plus cabossés qui rêvent d’endosser le costume de Président. Un boulot de dingue mais qui attire plus que jamais. Pour cela, il revient aux origines de la Ve République et nous brosse le portrait des candidats malheureux (nombreux) ou victorieux (plus rares) au scrutin qui charpente notre régime actuel. Pas véritablement de gros scoop dans ce bouquin, mais des rappels historiques judicieux et des anecdotes savoureuses. On voit que Samama connaît bien la faune politique française et qu’il ne recule devant rien pour instruire son lecteur. L’auteur est ainsi allé jusqu’à s’imposer sur le sofa de François Hollande pour mater des matchs de foot et recueillir son témoignage… c’est dire !
Enchainons sur le « quoi ? » : on a beaucoup glosé ici sur la politique spectacle et la tendance majeure à ne plus parler ni d’idées ni de programmes. Je veux saluer ici le bel effort d’Emmanuel Tuchscherer qui publie « Progressisme. La renaissance d’une idée politique » aux éditions Point d’orgue. Mon ami Emmanuel, en macroniste convaincu, s’est fixé pour ambition de ne pas cantonner le macronisme à un pragmatisme de séduction naviguant en fonction des sondages et des intérêts du moment. À cette fin, il revisite la notion de progressisme en politique pour la réhabiliter, en rappeler la grande diversité et lui redonner toute sa vigueur. Il achève son opus par une série de propositions concrètes qui mériterait un large débat.
Mais au fond « Que veulent les Français ? », c’est cette question que pose le politologue Antoine Bristielle dans un ouvrage collectif qu’il coordonne aux éditions de l’aube et auquel l’auteur de ces lignes a modestement contribué. Une radiographie de l’opinion publique auscultant les familles politiques recomposés de l’hexagone mais aussi quelques enjeux thématiques (laïcité, santé, mondialisation) que je vous laisse découvrir.
Pour terminer, « comment ? » : peut-être avez-vous échappé jusqu’à présent à la « Llorcamania » qui s’est emparée des émissions de TV, de radio et de la presse. Dans ce cas, vous êtes coupables et je vous invite à consulter « Les nouveaux masques de l’extrême-droite », que Raphaël Llorca publie aux éditions de l’aube. Dans ce essai percutant, l’auteur décortique la façon dont Marine Le Pen et surtout Eric Zemmour font campagne, adoptant les codes de la communication politique contemporaine inspirés notamment par Donald Trump. Passé de l’ère TF1 à l’ère Netflix, Zemmour bouscule les candidats en imposant un personnage, un rythme et des évènements. Affaiblie par cette OPA, Marine Le Pen joue la carte de la banalisation ultime, celle du masque du ringard… qui n’est pas forcément la moins efficace. Comment en effet imaginer les Tuches en apprenti dictateur ?
Signalons enfin en conclusion, le deuxième numéro de la revue « D2UX MILLE VINGT-D2UX » dont a déjà parlé ici, qui contient dans cet acte 2 un joli portrait de Houellebecq et une contribution de l’immense écrivain algérien Boualem Sansal.
Bonnes lectures citoyennes !
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