En cette semaine de commémoration de la libération d’Auschwitz, des imbéciles ont censuré une œuvre majeure sur la Shoah. Insupportable !
Lee Parkison, c’est son nom. Cette semaine cet individu a été choqué. Ses muqueuses se sont offusquées. Il a lu un livre au contenu “vulgaire et inapproprié“. Et il a déclaré : “Il y a un langage grossier et répréhensible dans ce livre“. Et il a pris une décision : “La meilleure façon de corriger ou de maîtriser le langage de ce livre ” est de le rayer purement et simplement des programmes. Il faut préciser que Lee Parkison n’est pas un simple citoyen. Il est directeur d’école dans le Tennessee. Lui et son conseil d’administration, ainsi que le rapporte le quotidien britannique The Guardian, ont décidé de ne plus permettre l’accès à l’ouvrage en question pour les élèves de 4e. Il faut les comprendre, dans ce livre il y a des mots grossiers, de la brutalité et même des fesses nues. Un autre membre du conseil a d’ailleurs précisé la décision : “Nous n’avons pas besoin d’activer ou de promouvoir ce genre de choses. Je ne nie pas que c’était horrible, brutal et cruel”.
“Maus” une œuvre de transmission, d’éducation et d’intelligence.
Le livre en question est le roman graphique “Maus”, signé d’Art Spiegelman, qui a remporté le prix Pulitzer en 1992. “Maus” traite de l’extermination des juifs sous la forme d’un roman graphique en donnant à ses personnages des têtes d’animaux. Dans cette BD, les nazis sont représentés sous forme de chats et les juifs sous celle de souris. Toute l’horreur concentrationnaire y est racontée. Les maltraitances, les séparations des familles, les exécutions sommaires, l’infamie la plus totale. Tout.
Le génie de Spiegelman est précisément – grâce au truchement des animaux – d’avoir permis à tout le monde, petits et grands, d’accéder à cette œuvre et donc d’apprendre ce que fut l’horreur. Elle est une œuvre de transmission, d’éducation et d’intelligence. Les imbéciles du Tennessee, eux, ont été choqués. Non pas par l’horreur nazie… mais par des fesses de souris et quelques jurons. “La vulgarité, ça ne s’improvise pas. On est vulgaire. On naît vulgaire. C’est une infirmité de l’âme”, rappelait Guy Bedos. Infirmité de l’âme qui avait déjà touché en 2015 des imbéciles à Moscou qui s’étaient étonné, eux, qu’une croix gammée ne figure sur la couverture et s’étaient demandé si cela n’allait pas inciter au nazisme…
Des réactions qui prouvent, si besoin en était, l’intérêt de “Maus”. Dans la possibilité de détecter des négationnistes, par exemple. “Maus” est une œuvre contre l’oubli. Lee Parkison et sa clique, eux, n’ont pas oublié d’être cons.
Lisons, relisons et faisons lire “Maus”. C’est la meilleure réponse que l’on puisse apporter à cela. En faisant entrer, une nouvelle fois, le chef-d’œuvre de Spiegelman dans les meilleures ventes, les imbéciles auront servi à quelque chose.