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Jérôme Attal : “Avec un livre, j’offre un morceau de mon cœur”.

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Son Petit éloge du Baiser (Editions Les Pérégrines) est un coup de cœur de la rédaction d’Ernest. Jérôme Attal voit la vie en prose en autant de nuances de mots : romans, récits, scenarii et plus de quatre-cents chansons. Entre un tableau de Hooper et des Sombreros, cet auteur aurait voulu être un Beatle. Mieux encore ! Épris de l’amour et de Pop Culture, il nous parle de ses livres offerts. Et d’une théorie. Attention, les rimes vont sourires.

Photos Patrice NORMAND

« Quand j’offre un livre, j’ai vraiment l’impression d’offrir un morceau de mon cœur. Je trouve cela très beau. De vingt à trente ans, j’ai dû offrir des nouvelles de J. D. Salinger aux filles que j’avais envie d’embrasser (rires). Je me répète mais, même en dépit de l’auteur, quand j’offre un livre, j’ai vraiment l’impression d’offrir un morceau de mon cœur ! En musique, par exemple, on partage des chansons, des sensibilités, des éléments dans lesquels on peut se reconnaitre. Il se produit plutôt une émotion collective. Alors qu’avec un livre, j’ai l’impression qu’il y a un tête à tête ou plutôt un tête à cœur. Peut-être est-ce une alchimie liée au papier, aux mots ? Le choix d’un livre à offrir est très fort.

NormalpeopleNormal People (Éditions de l’Olivier traduit par Stéphane Roques) de Sally Rooney est le dernier livre que j’ai offert. Cette auteure est mon grand crush. Je trouve son écriture très moderne. Je suis impressionné. Il était destiné à Loulou Robert, l’écrivaine. Évidemment, nous ne sommes pas dans le même contexte de ce que je viens de décrire auparavant. Loulou est mariée à un de mes amis (rires). Je pensais qu’elle se reconnaitrait dans cet ouvrage. J’ai pensé à elle en lisant ce roman.

La relation au livre passe aussi par l’objet. Je trimbale un livre partout. Je peux le lire dans mon lit. Les phrases me reviennent. Je les note. C’est un peu dingue en fait. J’adore vraiment trimbaler un livre. J’aime bien que cet objet m’accompagne, sans forcément le lire d’ailleurs. A l’école, je n’étais pas un grand lecteur. J’avais plutôt envie d’écrire. Le parcours scolaire ne m’a pas donné d’intérêt pour la lecture. J’ai lu Madame Bovary (Michel Lévy Frères) en troisième mais j’étais trop bébé pour comprendre les subtilités du roman. Après mon bac, je suis arrivé à Paris pour suivre des études d’histoire de l’art. Seul, j’ai eu besoin des livres. Ils m’ont servi de rampes, de guides, de compagnons pour me promener dans les rues de cette ville. Le côté physique était très présent. J’ai alors découvert Jean-René Huguenin, Fiodor Dostoïevski, JD . Salinger, Francis Scott Fitzgerald et beaucoup d’autres. Ils m’ont marqué grâce au génial format poche ! Le livre devient transportable partout (rires). Et, grâce à son prix, il est même possible d’offrir un livre plus facilement.